ChronoMath, une chronologie des MATHÉMATIQUES
à l'usage des professeurs de mathématiques, des étudiants et des élèves des lycées & collèges

EULER Leonhard Paul, suisse, 1707-1783
   
» Fonction Γ | Formules d'Euler | Cte d'Euler | Identité d'Euler (produit eulérien) | Nombres d'Euler | Cercle des 9 points | Graphes | Calcul des variations

Né à Bâle d'un père pasteur, Leonhard, esprit brillant étudia les lettres, la théologie et la médecine et semblait, à 17 ans, voué aux ordres religieux. Les Bernoulli étaient des amis de la famille et il fut l'élève de Jean Bernoulli qui persuada Euler père de laisser son fils s'orienter vers les mathématiques. A 18 ans, il se faisait connaître à l'Académie des sciences de Paris par divers mémoires comme ceux sur la théorie des marées et la propagation du son.

Introduit par les Bernoulli, il s'installa à Saint-Pétersbourg (1727), alors capitale de l'empire russe, auprès de Pierre Ier le Grand et remplaça Daniel Bernoulli (1733) à l'Académie des sciences pour la physique et les mathématiques. Dès 1735, à la suite d'une congestion cérébrale, Euler perd l'œil droit.

Appelé à Berlin (1741) par Frédéric II, roi de Prusse, il y présida l'Académie des sciences jusqu'en 1766 (c'est Lagrange qui lui succédera). Il fut nommé membre associé de l'Académie des sciences de Paris (1755). Vers la fin de sa vie, alors aveugle, il revint à Saint-Pétersbourg invité par Catherine II, ce qui ne l'empêcha pas de publier ses Éléments d'algèbre (1768) et trois plus tard, son volumineux traité sur la dioptrique (1769-71). Il est sans doute un des plus grands mathématiciens de tous les temps.

    Trois fils de Euler furent aussi des personnalités renommées :

L'œuvre de Leonhard Euler est considérable. Il intervint dans les trois domaines fondamentaux de la science de son époque : l'astronomie (orbites planétaires, trajectoires des comètes), les sciences physiques (champs magnétiques, hydrodynamique, optique, nature ondulatoire de la lumière, mécanique des solides...), et les mathématiques, dans toutes ses branches, de l'arithmétique à la géométrie différentielle en passant par :

Le célèbre Introductio in Analysin infinitorum (1748) :

Dans cet immense traité, Euler procède à une vaste synthèse des connaissances en matière d'Analyse qu'il construit au moyen du concept de fonction sans le soutien géométrique ou mécanique. Les fonctions trigonométriques, logarithmes et exponentielles s'avèrent étroitement liées :

y = ax    x = loga y

       »  logarithme népérien

  
Justifier que :  ax + x' = ax
ax' et (ax)x' = axx' puis résoudre le système suivant sans passer par les log : 2x-1 = 8y , 3x-10 = 9y-1 

Euler assoit les usages de π, du nombre e, de ex, de la notation Σ :

Archimède et le Calcul de π : »              Autres Calculs de π dans ChronoMath : » 

ex = 1 + x + x2/2! + x3/3! + ... + xn/n! + ...

Pour x = 1, on obtient  e = 2,7182818284590452353...

Pour en savoir plus sur le nombre e : »             Calculs de e dans ChronoMath : »

»  Argand              Racines n-èmes d'un nombre complexe : »

     Propriétés fondamentales de cet opérateur :   

» En effet, on doit sommer pour toutes les valeurs possibles de i et j. L'addition étant commutative et associative, on peut décider de fixer i = 1, j variant de 1 à m, puis i =2, j variant de 1 à m, etc. Ce qui fournit a1( b1 + b2 ... + bm) + a2( b1 + b2 ... + bm) + ...
Et on obtient finalement le résultat indiqué.

Plus généralement, avec trois séries de nombres (ou plus), on a (sans indiquer ici les limites des index)  :

» Ne pas indiquer les limites des index signifie que la ou les somme(s) sont effectuée(s) pour toutes les valeurs de i, j et k possibles suivant le contexte.

Cas d'indices doubles comme dans le cas d'un tableau matriciel :

On a aussi la généralisation des identités remarquables :

  Sommes d'Euler :
Prouver que si la suite (un) converge, alors il en est  de même de la suite (vn) définie par :

Indications : on s'inspirera de la méthode employée pour prouver la convergence de la somme de Cesaro.

Formules d'Euler (ou relations d'Euler, ou identités d'Euler) : 

  1 - Ayant établi sa célèbre formule réalisant le lien entre la trigonométrie, l'exponentielle et l'analyse complexe :

eix = cos x + i.sin x        (1)      » justification

  2 - Euler en déduit  :

        (2)

  3 - Appliquée à x = π, la formule eix = cos x + i.sin x conduit à cette relation magnifique :

   e + 1 = 0       (3)

où apparaissent réunies dans une si simple expression les 5 nombres les plus célèbres de l'histoire des mathématiques et dont Dantzig écrivit qu'elle exprime,

l'union mystérieuse de l'arithmétique (0 et 1), de l'algèbre (i), de la géométrie (π) et de l'analyse (e)

  4 - Soit x → f(x,y) une fonction numérique de deux variables réelles, homogène de degré α admettant sur un ouvert U de R2 des dérivées partielles continues. Alors pour tout (x,y) de U :

      (4)

Preuve : f étant homogène de degré α, on a, par définition : f(tx, ty) = tαf(x, y). En différentiant par rapport à t, on obtient le résultat annoncé pour t = 1.

Lorsque f admet des dérivées partielles continues jusqu'au rang n, la formule se généralise au rang n (» notation opérateur) :

La formule (4) se généralise à n variables. Pour 3 variables, on écrirait, avec des notations simplifiées :

xf'x + yf'y + zf'z = αf

Cette formule intervient profitablement dans l'étude des courbes algébriques d'équation implicite f(x,y) = 0 en rendant cette équation homogène au moyen d'une variable z d'homogénéité permettant de plonger la courbe dans le plan projectif.

  Autres curiosité numériques : vérifier que eπ - π est "presque" entier; Voyez aussi Ramanujan et le nombre eπ√163.

Trois approches de la fonction exponentielle : »             En savoir plus sur la fonction exponentielle... : »
 

Constante d'Euler, souvent notée γ (gamma) :

Toujours dans son Introductio, Euler établit l'existence d'une constante qui deviendra célèbre et portera son nom :

où ln désigne le logarithme népérien. La série 1 + 1/2 + 1/3 +... +1/n + ... est la non moins célèbre série harmonique divergente.

Divergence de la série harmonique, étude et calcul approché de la constante d'Euler ... : »

La nature de C (généralement notée γ, gamma minuscule grec : g), algébrique, irrationnelle, voire transcendante, est un problème ouvert. On en connaît aujourd'hui quelques 20 000 décimales. Euler calcula les seize premières :

γ = 0,5772156649015328...

   Rappelons que c'est parfois le nombre e, base des logarithmes népériens qui est appelé constante d'Euler. Quant à la constante C, alias γ, elle est souvent appelé constante d'Euler-Mascheroni :

» Lorenzo Mascheroni (1750-1800)

On retrouve la constante d'Euler dans l'étude de la distribution des nombres premiers, un important et difficile problème où l'analyse rencontre l'arithmétique, faisant encore de nos jours (21ème siècle) l'objet d'études sophistiquées.

Somme des inverses des nombres premiers :    

Dans ce contexte, Euler montre (1744, » réf.10a) que la somme des inverses des nombres premiers diverge :

1/2 + 1/3 + 1/5 + 1/7 + 1/11 + 1/13 + ... + 1/n + ...  ~  ln(lnn)

Cette divergence est donc plus lente que la série harmonique dont elle est extraite, laquelle diverge comme lnn selon le résultat ci-dessus. On trouvera une autre preuve de ce résultat, similaire à celle d'Euler, dans la Théorie des nombres de Lucas (p.359).

Suite à ce résultat, il est étonnant qu'Euler ne se soit pas penché plus avant dans la distribution des nombres premiers. En effet, selon W. J. & F. Ellison (» réf.10b), Euler estimait (1751) que la progression des nombres premiers était un mystère que l'esprit humain ne saurait jamais pénétrer tant l'étude des tables de nombres premiers semblait montrer ni ordre, ni règle.

Pourtant, le résultat d'Euler permet d'approcher, certes sans totale rigueur... , le théorème des nombres premiers dont Gauss et Legendre ont été les promoteurs. En voici l'ébauche d'une preuve inspirée par l'article d'Arnaud Dhallewyn (univ. Lille, » réf.10c, p. 64-65) :

  • f ~ g signifiant équivalent au sens lim n→∞ f/g = 1, le théorème énonce que π(x) ~ x/ln(x), ln désignant le logarithme népérien.

x → π(x) est une fonction définie de N vers N. Considérons-là provisoirement définie sur [2,+∞[ ⊂ R à valeurs dans R. Soit x arbitrairement grand et k, entier, relativement "petit" devant x; selon le résultat ci-dessus, nous avons (p désignant un nombre premier) :

Σ p ≤ x 1/p ~ ln(lnx)

On peut écrire :

Σ p ≤ x + k 1/p - Σ p ≤ x 1/p  ~  ln(ln(x + k)) - ln(lnx) ≃ k × (ln o ln)'(x) = k/(xlnx)     (1)

De plus, compte tenu de notre hypothèse k << x, en assimilant à x tout entier premier p de l'intervalle [x, x + k], on obtient :

Σ p ≤ x + k 1/p - Σ p ≤ x 1/p =  Σ x+1 ≤ p ≤ x+k 1/p ≃ 1/x × (π(x + k) - π(x))     (2)

En identifiant (1) et (2), il vient :

Ce résultat s'interprète comme la densité des nombres premiers sur l'intervalle [x, x + k]. Vu que k est très petit devant x, on peut aussi l'interpréter comme un taux d'accroissement de x → π(x) sur [x, x + k], x ≥ 2, et écrire Δπ/Δx ≃ dπ/dx ≃ 1/lnx, ce qui conduit à :

Il s'agit bien du théorème des nombres premiers.

L'analyse fonctionnelle, le calcul des variations :

Fondateur de ce qu'on appelle aujourd'hui l'analyse fonctionnelle (appellation due à Paul Lévy), Euler publia de nombreux traités, précisera la notion de fonction et adoptera la notation f(x), également utilisée par Clairaut, pour désigner l'image par une fonction f d'un nombre x, plus adaptée que celle de Jean Bernoulli qui utilisait la notation fx.

Prolongeant les travaux des Bernoulli, Euler affine la notion de fonction dérivée, crée, avec Daniel Bernoulli, parallèlement aux travaux de Clairaut et Fontaine en France, la notion d'équation aux dérivées partielles (1734) et développe le calcul des variations (Calculi Variationum, dès 1744) : recherche d'extremums sur des courbes ou des surfaces, une des branches les plus fécondes de l'analyse. On pourra étudier en particulier sur ce site le problème de Didon et le brachistochrone.

Équation d'Euler-Lagrange, formule de Beltrami : »              La notion de surface minimale : »

Équations différentielles :

On doit à Euler la méthode de l'équation caractéristique dans la résolution générale de l'équation différentielle du second ordre à coefficients constants

ay" + by' + cy = 0

équation intervenant dans des problèmes oscillatoires. Pour la forme non homogène : ay" + by' + cy = f(x), Laplace inventera la méthode de la variation de la constante afin d'exhiber une solution particulière.

Oscillation d'un ressort, type ay" + by' + cy = 0 : »

Équation d'Euler (ou d'Euler-Cauchy):    

Il s'agit, pour x > 0, de l'équation différentielle linéaire homogène du second ordre :

ax2y" + bxy' + cy = 0

Euler ramène cette équation à des coefficients constants en posant t = lnx (logarithme népérien de x). On peut écrire :

En remplaçant dans l'équation d'Euler, on obtient l'équation différentielle linéaire homogène à coefficients constants :

ad2y/dt2 + (b - a)dy/dt + cy = 0 , x = et

Selon le discriminant Δ de l'équation caractéristique, laquelle est ici ar2 + (b - a)r + c = 0, les solutions de cette équation sont de la forme :


Résoudre l'équation différentielle d'Euler x2y" + xy' + y = 0, y(1) = 0, y'(1) = 1

Résolution approchée des équations différentielles :    

On doit à Euler une méthode de résolution approchée des équations différentielles, dite des différences finies  par discrétisation inspirée des idées de Newton sur ce sujet : on recherche la solution y = f(x) sous la forme d'un nuage de point Mi(xi,yi) permettant d'obtenir une approche fiable de la courbe intégrale (représentative de la solution fonctionnelle exacte).

Résolution approchée de y' = φ(x,y) et y" = φ(x,y,y') : »            » Newton , Runge

La première étude des surfaces abordée en termes de géométrie différentielle :

La difficile étude des surfaces est entreprise par Euler grâce à l'apport du calcul différentiel et intégral. Au 19è siècle Gauss et Riemann (tout particulièrement) se pencheront sur cette difficile théorie.

Notion de surface : »         Formule d'Euler pour la courbure des surfaces : »    
 
Fonctions (ou intégrales) eulériennes, les fonctions Γ (gamma) et β (bêta) :

En 1755, Euler publie un traité de calcul différentiel et intégral (complété en 1768 : Institutiones calculi integralis) où l'on y rencontre les fonctions (ou intégrales) dites aujourd'hui eulériennes dont la plus connue, voire célèbre : la fonction Γ (Gamma), ainsi nommée ultérieurement par Legendre. Dite intégrale eulérienne de seconde espèce, elle est définie pour tout nombre x > 0 par l'intégrale généralisée convergente :

Moins célèbre, mais pratique pour l'intégration de certaines fonctions rationnelles, est la fonction β (appellation encore due à Legendre) aussi appelée intégrale eulérienne de première espèce. Pour tout x > 0 et y > 0, elle est définie pas  :

       (β1)

Le changement de variable u = t/(1 - t) conduit à intégrer de 0 à +∞, on obtient :

       (β2)

Euler a montré cette belle formule :

        (β3)

Lorsque x + y = 1, on a Γ(x + y) = Γ(1) = 1 (intégrale sur R+ de t →e-t). En posant traditionnellement x = p, Le calcul de (β2) dans ce cas particulier conduit à la formule des compléments (» preuve en réf. 6c) :



Cette intégrale fait l'objet de deux autres méthodes de calculs : » par calcul des résidus, par décomposition en éléments simples.
Partant de l'intégrale eulérienne (β2) ci-dessus dans le cas x + y = 1, on pose u = v4 . On a alors du = 4v3dv. Ce qui conduit à β(x,y) = 4×Int[v4x-1/(1+v4)], l'intervalle d'intégration restant inchangé. Faisons alors x= 1/4, donc y=3/4 :  β(1/4,3/4) = 4I et selon la formule des compléments :
β(1/4,3/4) = Γ(1/4)Γ(3/4) = π/sin(π/4) = π√2, donc I = π√2/4.

En savoir plus sur la fonction Γ, cas réel et complexe : »               Fonctions Γ de Euler et ζ de Riemann : »

   Si l'intégrale est calculée non plus sur [0;1] mais sur un intervalle [0;x] avec 0 < x < 1, on parle de fonction β incomplète, notée βx. Pour en savoir plus sur les intégrales eulériennes et les fonctions elliptiques, on pourra consulter en particulier le mémoire de Legendre (1825) en libre accès sur Google Livres (» réf.6a) et le cours de mathématiques de Jean Bass (»réf.6b).

Des résultats en arithmétique (nombres de Fermat, théorème de Fermat, nombres parfaits, nombres premiers)  :

Fp=

liés à ceux de Mersenne (forme 2n - 1) en montrant que F5 = 232 + 1 = 4 294 967 297 est divisible par 641.

 
Euler exhiba (1772) le polynôme x2 + x + 41 qui, pour x variant de 0 à 39, ne fournit que des nombres premiers.
A vérifier à la main ou sur tableur ! Étudier aussi (encore proposés par Euler) : x2 + x + 17 et 2x2 + 29

Moins rigolo :
Prouver qu'un polynôme à coefficients entiers ne peut fournir indéfiniment des nombres premiers pour des valeurs entières.

Indications
:
soit xo tel que P(xo) = p premier. Justifier que P(xo + px) ≡ P(xo) [p].
On en déduit que P(xo + px) est divisible par p quel que soit x. Conclure.        » congruences

Reprenant un célèbre problème arithmétique de Pythagore, présent dans les Éléments d'Euclide, Euler étudie les nombres parfaits , c'est à dire égaux à la somme de leurs diviseurs propres, comme 6, 28, 496, ... (un diviseur propre d'un nombre entier est un diviseur de ce nombre autre que lui-même).

Euler conjectura et prouva le résultat suivant :

Un entier pair est parfait si et seulement si il est de la forme 2n-1(2n - 1) et 2n - 1 est premier

L'entier 8128 = 26(27 - 1) est ainsi le quatrième nombre parfait pair (trouvé par Nicomaque), le cinquième est 33550336 avec n = 13. Rappelons que l'existence de nombres parfaits impairs est un problème ouvert.

Une preuve de Euler : »

Une conjecture de Euler (1760) :    

Il existe une infinité d'entiers premiers de la forme 4n2 + 1

n 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 ...
4n2+1 5 17 37 /// 101 /// 197 257 /// 401 /// 577 677 /// /// /// ...

» Landau

Fonction indicatrice d'Euler ou fonction "totient" :    

Il s'agit de l'application, traditionnellement notée φ, dite également  fonction totient qui à tout entier naturel n non nul associe le nombre d'entiers naturels inférieurs à n et premiers avec n :

φ(n) = Card {k, k∈N, 1 ≤ k ≤ n - 1, pgcd(k,n) = 1}

 i  En anglais, on parle de totient function, du latin totiens = tant de fois, proche de quotiens = combien de fois, mais d'usage interrogatif, qui a donné quotient en français et en anglais : chercher le quotient de n par p c'est chercher combien de fois "il y a p dans n".

L'identité d'Euler également appelée produit eulérien (1750) et la naissance des fonctions ζ :    

Si s désigne un réel et s > 1, la série de terme général 1/ns est convergente. Par des considérations relativement simples, Euler la transforme en un produit infini :

          »  preuve élémentaire

P désigne l'ensemble infini des nombres premiers : P = {2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19 ...}.

Cette identité devait amener Riemann à définir et étudier les fonctions ζ (lire zêta), sommes des séries ci-dessus élargies au champ complexe afin d'étudier la distribution des nombres premiers.

Problème de Bâle (Balsen problem) :   

En 1644, le mathématicien italien Pietro Mengoli avait proposé comme un défi aux mathématiciens européens la recherche de la somme de la série de terme général 1/n2 :

Les Bernoulli, en particulier, s'emparèrent sans succès du problème. Euler, alors résidant à Bâle, obtint la somme π2/6 en établissant un produit infini convergeant vers sin(x) et en l'identifiant au développement en série de cette fonction (» réf. 11) :

En 1743, il présenta un calcul plus rigoureux basé sur le développement en série de la fonction Arcsinus et l'équation différentielle du second ordre

(1 - x2)y'' - xy' - 1 = 0 (» réf. 11).

 i  Pietro Mengoli (1626-1686) : natif de Bologne, il s'adonne au droit et à la philosophie avant d'entamer des études de mathématiques auprès de Cavalieri découvrant ainsi les premières ébauches du calcul infinitésimal (méthodes des indivisibles), la géométrie de Descartes et l'algèbre de Viète dont il s'inspirera. Les années 1650-1660 seront les plus productives. Succédant à Cavalieri à l'université de Bologne en 1648, il publiera de nombreux articles et traités (algèbre, analyse, mécanique) dont une une compilation de ses recherches sur les séries (Series lectionum, 1654) où il prouve en particulier la divergence de la série harmonique (avant Jean Bernoulli) et la convergence des séries de terme général 1/(n(n+p), p entier non nul, le cas p = 0 restant problématique. Dans les années  1660,  Mengoli s'oriente vers la religion. Ordonné prêtre, il conserva des postes d'enseignement des mathématiques et de mécanique à Bologne (source : réf.15).

Riemann et les fonctions ζ : »           »  Tchebychev

Calcul de ζ(4) = π4/90 : »

Calcul de ζ(2) = π2/6 : »
 
Produit infini et calcul de π :

A noter cette belle formule d'Euler, dont celle de Wallis est un cas particulier pour x = 1/2 :

Polynômes et nombres d'Euler :

Dans l'étude de développements en série, Euler fait état d'une famille de polynômes x → En(x), de degré n, de fonction dérivée E'n, vérifiant la formule de récurrence :

E'n(x) = nEn-1(x)  , En(x) + En(x + 1) = 2xn

On a ainsi :

 i  On retrouve ces polynômes dans le développement en série entière de la fonction hx de la variable t, définie par :

En posant :

les nombres εn définis par εn = 2n × En(½) sont appelés nombres d'Euler. On constate que les ε2n + 1 sont tous nuls. Les ε2n se retrouvent tant dans le développement en série de la fonction sécante, notée sec définie par sec x = 1/cos x que dans celui de la fonction sécante hyperbolique, notée sech définie par :

où cosh x désigne le cosinus hyperbolique de x; on remarque que sech(x/2) = h1/2(t). Les signes des ε2n sont alternés :

εo = 1 , ε2 = -1 , ε4 = 5 , ε6 = -61 , ε8 = 1385 , ε10 = -50521 , ...

» On définit aussi la fonction cosécante hyperbolique, cosech (ou csch) :

Son développement en série s'écrit avec les nombres de Bernoulli :

Nombres d'Euler et nombres ZigZag : »          Nombres de Bernoulli : »

Les nombres négatifs, les nombres complexes : un statut enfin reconnu !

En 1770, Euler publia en allemand (le latin est de plus en plus révolu dans les publications scientifiques) une Introduction complète à l'algèbre (Vollständige Einleitung zur Algebra) où l'on peut considérer que, malgré quelques rebelles, tout sera dit quant aux nombres négatifs et à leur statut de véritable nombre, statut conforté et définitivement entériné avec Gauss (le qualificatif semble apparaître pour la première fois chez Jean de Beaugrand en 1638).

» Chuquet , Stifel , Descartes

De même, les nombres imaginaires (le qualificatif complexe nous vient de Gauss avec la forme a + bi), sont définis et leurs propriétés étudiées.

» Argand , Wessel

Euler concevait déjà la notion de nombre transcendant, voire de fonction transcendante, que l'on ne peut obtenir qu'au moyen de séries convergentes ou par le biais de fractions continues comme π, e, ln 2 et plus généralement ex, sin x, ln x,...

Cependant, R n'étant pas encore construit, les notions de limite, de différentielle et de convergence restent encore approximatives. Le concept de continuité n'est pas encore exhibé ni, a fortiori, celui de continuité uniforme pouvant assurer, dans le cas d'une série convergente de fonctions, la continuité de la somme. Ces préoccupations apparaîtront tout particulièrement dès le début du 19e siècle avec Bolzano, Cauchy, Abel, puis Riemann et Weierstrass.

Le développement du calcul différentiel et intégral répond à la volonté de résoudre efficacement les grands problèmes scientifiques : l'aube du siècle des lumières est celle de la technologie (mécanique, hydraulique, production d'énergie : vapeur, électricité). Il s'agit de comprendre les lois de la nature, du mouvement (vitesse, accélération, extremums).  

Relations d'Euler, droite d'Euler et cercle des neuf points (ou cercle d'Euler)  :

Relations :  

1a/  Pour tous points A, B , C et M dans le plan ou l'espace, on a la relation, le point (.) désignant le produit scalaire :

MA.BC + MB.CA + MC.AB = 0

La preuve de ce résultat est très simple en utilisant la formule de Chasles.

1b/  Étant donné un triangle ABC non équilatéral d'orthocentre H, notons O le centre de son cercle circonscrit et G son centre de gravité. Dans ces conditions, la droite (OH) contient G et on a :

OH = 3OG, ce qui peut s'écrire OH = OA + OB + OC

2/  Droite d'Euler :   

Le centre de gravité G d'un triangle, son cercle circonscrit O et son orthocentre H sont donc alignés et il semble que Euler soit le premier à l'avoir remarqué : la droite (OH) contenant G est droite d'Euler.

3/  Cercle d'Euler :  

La droite d'Euler contient un autre point remarquable, à savoir le milieu de [OH], centre Ω d'un cercle passant par les pieds A', B', C' des médianes, les pieds A1, B1, C1 des hauteurs et les milieux K, L et M de [AH], [BH] et [CH] :

Ce cercle dit des neuf points, également nommé cercle médial fut improprement baptisé cercle d'Euler. Il devrait s'appeler cercle de Brianchon. On l'appelle également cercle de Feuerbach car ce dernier lui découvrit d'autres propriétés. Ces résultats semblent avoir été énoncés pour la première fois dans sa mécanique des solides Theoria motus corporum solidorum (1765) mais selon Coxeter & Greitzer, Euler ne s'intéressa en fait qu'à la propriété de cocyclicité du cercle orthique (passant par le pieds des hauteurs) et du cercle complémentaire (passant par les pieds des médianes). Brianchon, en 1820, et Poncelet, l'année suivante, apportèrent chacun une preuve de l'existence du cercle des neuf points. Feuerbach compléta ces résultats par son théorème relatif aux cercles exinscrits. Terquem se pencha également sur le sujet par des calculs analytiques.

En savoir plus sur ces relations et le cercle des neuf points (exercice corrigé) : »
 
Théorème de Euler-Descartes pour les polyèdres convexes :

Selon Hilbert, cette belle formule, dite souvent de Euler (1752) serait due en fait à Descartes :

S - A + F = 2

La preuve de d'Édouard Lucas : »

S, F et A désignent respectivement le nombre de Sommets, de Faces et d'Arêtes d'un polyèdre convexe. De cette formule, on déduit facilement le résultat selon lequel :

Il n'existe que cinq polyèdres réguliers convexes : le tétraèdre (4 faces), le cube (6 faces), l'octaèdre (8 faces),
le
dodécaèdre (12 faces) et l'icosaèdre (20 faces).

Preuve de ce résultat : »

Et cette belle formule s'applique au graphes planaires :

La théorie des graphes : » 

Les prémisses de la théorie des graphes :

Précurseur avec Leibniz de la théorie des graphes et de la topologie, Euler résolut (1735) le problème des sept ponts de Königsberg (aujourd'hui Kaliningrad, Fédération de Russie) :

Partant d'un point de la ville, peut-on se promener en revenant à son point de départ, en passant une seule fois par tous les ponts ?

La réponse est non... graphe eulérien, théorie des graphes  : »            »  Berge , Cayley

  
Quelques exercices sur les graphes, niveau Ter ES et SUP

Autres travaux :

Réponse exo : on peut écrire 8 = 23 et 9 = 32; donc : 2x-1 = (23)y = 23y et 3x-10 = (32)y-1 = 32y-2 et on a tout simplement : x - 1 = 3y et x - 10 = 2y - 2, d'où x = 22 et y = 7.


    Pour en savoir plus :

  1. a) Œuvres complètes en français de Leonhardt Euler, publication de l'Ecole Militaire de Belgique (1839) sur Google Livres. Le volume 1, précédé de deux éloges (biographies) du célèbre mathématicien par Condorcet et Nicolas Fuss (1755-1826), mathématicien suisse :
    https://books.google.fr/books?id=aMkEAAAAYAAJ
    b) Introduction à l'analyse infinitésimale vol.1 (en français) : https://books.google.fr/books?id=288ndLD-p74C
    c) Introduction à l'analyse infinitésimale vol.2 (en français) : https://books.google.fr/books?id=Cxjkwu1G1T8C
    d) Les présupposés d'Euler dans l'emploi de la méthode fonctionnelle par Jean Dhombres sur le site Persée :
    https://www.persee.fr/doc/rhs_0151-4105_1987_num_40_2_4046
  2. La fonction ζ de Riemann, par Javier Fresàn (un exposé remarquablement document) :
    http://jfresan.files.wordpress.com/2011/04/lecture-de-riemann.pdf
  3. Théorème de Euler-Descartes : preuve de Lucas et autres développements dans la revue Quadrature n°4, juin 1990.
  4. Une démonstration élégante de la formule d'Euler fut donnée par André Delachet dans La géométrie
    contemporaine,
    Collection Que Sais-je, n°401, P.U.F., 1950.
  5. Courbure et caractéristique d'Euler-Poincaré d'une surface triangulée :
    http://www.math.ens.fr/culturemath/maths/pdf/geometrie/triang.pdf
  6. a) Traité des intégrales eulériennes, Tome 2, Adrien Legendre sur Google Livres :
    https://books.google.fr/books?id=wy7vAAAAMAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary...
    b) Cours de mathématiques, tome II, par Jean Bass, Éd. Masson et Cie - Paris, 1964.
    c) Formule des compléments sur agreg-maths :
    https://agreg-maths.fr/uploads/versions/44/formule_complement_scourte.pdf

    c) Intégrales eulériennes : Cours d'analyse, Ch. V, par Jacques Harthong, ENS de Physique de Strasbourg :
    https://cel.archives-ouvertes.fr/cel-00519301v1/document
  7. Les nombres premiers, Que sais-je n°571 (nouvelle édition 1997), par G. Tenenbaum & M. Mendès France
  8. Répartition des nombres premiers par J.-L. Nicolas, Séminaire Delange-Pisot-Poitou :
    http://archive.numdam.org/article/SDPP_1967-1968__9_2_A12_0.pdf
  9. Distribution des nombres premiers et fonctions zêta(s) par Hubert Delange (séminaire Delange-Pisot) :
    http://archive.numdam.org/article/SDPP_1959-1960__1__A1_0.pdf
  10. a) Divergence  Σ1/p (p premier) des inverses des nombres premiers, somme équivalente à ln(ln(p)) sur The Euler Archive :
    https://scholarlycommons.pacific.edu/euler-works/72/
    b) ABRÉGÉ D'HISTOIRE DES MATHÉMATIQUES (1700-1900), Nombres premiers, ch. VI, par W. J. & F. Ellison
    Ouvrage collectif sous la direction de Jean Dieudonné, É
    d. Hermann-1992
    c) La fonction zêta de Riemann, par Arnaud Dhallewyn (univ. Lille, 2013) : https://vixra.org/pdf/1406.0088v1.pdf
     
  11. Basel problem (la première résolution d'Euler en 1735), par Lucas Zanella : http://lucaszanella.com/en/articles/math/basel
    Voir aussi le diaporama de Weng Kin Ho, univ. NTU (Singapour) : http://math.nie.edu.sg/wkho/Talks_files/basel.pdf
  12. a) Résolution du problème de Bâle proposé par Euler en 1743 (voir pages 10 et suivantes de la pagination pdf) :
    http://eulerarchive.maa.org/docs/originals/E063.pdf
    b) On the sums of series of reciprocals (1735) sur arxiv.org, calcul de ζ(2n) traduit du latin :
    https://arxiv.org/pdf/math/0506415.pdf
  13. Liste des π(n) , 1 ≤ n ≤ 100 000 : https://oeis.org/A000720/b000720.txt
  14. Développement asymptotique de la série harmonique (prépa. agrég. externe, X-ENS) :
    http://perso.eleves.ens-rennes.fr/~flemonni/agregation/developpements/Developpement.pdf
  15. Biographie de Pietro Mengoli sur Treccani.it : http://www.treccani.it/enciclopedia/pietro-mengoli_(Dizionario-Biografico)


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