BOLZANO Bernhard, tchèque, 1781-1848 |
La conception rationaliste de ce prêtre philosophe, d'origine italienne, le conduit à la logique mathématique et à une refonte rigoureuse de la théorie des fonctions d'une variable réelle où il définit, et distingue clairement les concepts de continuité et de dérivabilité.
Ses travaux, rédigés en allemand, en particulier Die drei Probleme der Rectification (Les trois problèmes de la rectification, 1817) au sens du calcul des longueurs, des aires et des volumes, la Grössenlehre (théorie des grandeurs, 1830-34) et la Reine Zahlenlehre (Théorie pure des nombres, 1835) annoncent la construction des nombres réels par Dedekind (méthode des coupures).
La rigueur et la généralité de son œuvre annoncent par ailleurs la volonté de refondation de Weierstrass et de Cantor. Elle fut malheureusement relativement ignorée de son vivant. De nombreux mémoires ne furent retrouvés et appréciés que dans les années 1920-1930.
On doit également à Bolzano les Paradoxes de l'infini (oeuvre posthume publiée à Leipzig en 1851) où il étudie, en particulier, le fameux paradoxe de Galilée. On y trouve implicitement le concept d'ensemble infini au sens de Dedekind : ensemble en bijection avec l'une de ses parties propres.
Ensemble infini selon Dedekind : » La notion de point d'accumulation et d'ensemble infini : »
➔ Bolzano fut un contemporain de Cauchy et c'est à lui que l'on doit l'appellation suite de Cauchy pour qualifier une suite numérique (un) pour laquelle |um - up| < ε à partir dun certain rang Nε (m > Nε, p > Nε).
Suites & séries : »
Théorème de Bolzano : |
Il s'agit d'un cas particulier du théorème des valeurs intermédiaires de Cauchy que Bolzano prouva en s'appuyant sur le théorème précédent :
Si f est continue sur [a,b] et change de signe sur cet intervalle, alors f s'annule en (au moins) un point c de [a,b].
En application de ce résultat, on peut résoudre, avec toute précision voulue, les équations du type f(x) = 0 lorsque x est un zéro isolé dans un intervalle [a,b] pour lequel f(a) x f(b) est négatif :
Résolution approchée d'équations numériques : » Théorème de Rolle : »
∗∗∗
Application du théorème à une équation
polynomiale de degré 5 , voir aussi degré 4
Première approche de courbes fractales : |
Bolzano donna, avant Weierstrass sur le même sujet, un exemple de fonction continue très irrégulière : dérivable en aucun point ! Le manuscrit de Bolzano, relatif à cette fonction ne nous fut connu qu'en 1921. Son procédé, comparable à celui von Koch, procède d'une construction géométrique et alors que l'exemple de Weierstrass est numérique.
En fait, Bolzano, étonné de sa découverte, pensait, comme son contemporain Cauchy, qu'une fonction continue devait au moins être dérivable en des points isolés (c'est à dire en nombre fini ou dénombrable). Et pourtant, la fonction régissant sa courbe n'était dérivable en aucun point : elle fut l'un des premiers monstres de l'analyse...
» Hilbert ,
Peano , Julia , Mandelbrot
, Sierpinski.
Théorème de la borne supérieure : |
Afin de prouver rigoureusement dans son Rein analytischer Beweis (Démonstration purement analytique, 1817) le théorème exposé ci-après, sans se contenter d'un dessin comme le fit Cauchy, Bolzano avait établi un lemme fondamental qui sera repris et exploité par Weierstrass et Dini :
Tout ensemble majoré de nombres réels admet une borne supérieure
Et on peut également énoncer bien entendu :
Tout ensemble minoré de nombres réels admet une borne inférieure
i Selon l'historien des sciences Jan Sebestik, c'est à cette occasion que Bolzano définit le concept de borne supérieure (en allemand obere Grenze) d'un ensemble de valeurs et, selon le même auteur, le théorème de la borne supérieure est aussi appelé théorème de Bolzano-Gauss, cette appellation étant due à O. Perron. Ce résultat apparaît comme la première pierre de la construction des nombres réels que Dedekind développa par la méthode dite des coupures.
Les notions de bornes inférieure et supérieure : » Théorème de Bolzano-Weierstrass : »
➔ Pour en savoir plus :
Les constructions des nombres réels
dans le mouvement d'arithmétisation de l'analyse
par
Jacqueline Boniface -
IREM - Histoire des mathématiques - Éd. Ellipses, Paris - 2002
La démonstration mathématique dans l'histoire, Colloque Inter-IREM mai 1989
Bolzano et la démonstration du
théorème des valeurs intermédiaires,
p. 99 à 114.
Logique et mathématique chez Bernard Bolzano par
Jan Sebestik sur
Google livres :
http://books.google.com/books?id=FE0Z3i8UldAC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false