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Philosophe,
abbé, ordonné en 1611, après des études de théologie à la
Sorbonne, Marin Mersenne compléta ses études au collège
royal de la Flèche en compagnie
de Descartes avec lequel il
nouera une grande amitié. C'est ainsi qu'il se passionna (1625) pour les
sciences physiques et mathématiques.
En son couvent des Minimes, il recevait les grands penseurs et savants de passage à Paris et établit une correspondance avec les plus grands physiciens et mathématiciens comme Roberval, Torricelli, Galilée, Pascal, Fermat, Huygens et, tout particulièrement, Descartes. Ainsi put s'établir une sorte de journal de la recherche scientifique de son époque.
En physique, les travaux de Mersenne portent essentiellement en mécanique galiléenne tendant à confirmer la rotation de la Terre sur elle-même : défenseur de l'orthodoxie chrétienne, il soutint cependant les idées de Galilée et de Copernic. Il intervint également en musique (théorie musicale) et en acoustique (Harmonie universelle, 1636, » réf.5), ainsi qu'en optique où il s'interroge sur la nature de la lumière (L'optique et la catoptrique, œuvre posthume, 1657).
Nombres premiers de Mersenne : |
» Liens analogiques : nombres premiers , nombres de Fermat , nombres pseudo-premiers , nombres pratiques , nombres premiers de Wieferich
Les nombres de Mersenne sont les entiers naturels premiers de la forme Mn = 2n - 1, où n est un entier naturel. Ces nombres interviennent fréquemment en arithmétique, en particulier dans la formule exprimant les nombres parfaits pairs qu'étudia Pythagore et que caractérisa Euler.
Mersenne étudia la primarité (ou primalité en franglais) de ces nombres mais émit quelques résultats faux : il crut, par exemple, prouver que M61 était composé (c'est à dire non premier). Lucas montra sa primarité en 1886 et découvrit 10 ans plus tôt , M127, 12è nombre de Mersenne.
Voici un résultat presque évident... : Nombres pseudo-premiers : »
Si un nombre Mn est premier, alors n est premier
Preuve : raisonnons par l'absurde : si n n'est pas premier, n = kp avec k et p distincts de 1. Ainsi 2n - 1 = (2k)p - 1 = (2k)p - 1p. Sachant que ap - bp est divisible par a - b, 2n - 1 admet 2k - 1 comme diviseur autre que 1.
! La réciproque est fausse : le plus petit exemple est 2047 = 211 - 1 = 89 × 23 !
Critère de Lucas-Lehmer : »
Il faut noter que ces nombres sont (en valeur) fantastiques et leur étude fort complexe, même à l'aide d'ordinateurs et d'algorithmes sophistiqués : M61, 9è nombre de Mersenne, est "déjà" de l'ordre de 2,3.1018... En 1722, Euler découvrit M31 = 231 - 1 = 2 147 483 647, 8è nombre premier de Mersenne, un beau résultat à une époque où l'illustre mathématicien n'avait pas la moindre calculette pour l'assister.
Les 9 premiers nombres premiers de Mersenne :
Les nombres premiers de Mersenne sont numérotés M1, M2, M3, ... (sans indice). Les Mn diffèrent donc ainsi des Mn :
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M5 = M13 = 8191 |
= 131 071 |
= 524 287 |
= 2 147 483 647 |
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i M17 et M19 furent découverts en 1603 par le mathématicien italien Pietro Cataldi (1548-1626), natif de Bologne, qui s'intéressa tout particulièrement à l'arithmétique, aux nombres irrationnels et leurs calculs approchés. On lui doit aussi de vaines recherches sur la preuve du 5è postulat d'Eulide à l'aide des quatre premiers.
Caractériser les nombres de Mersenne premiers (on en connaît aujourd'hui, février 2013, que 48) et affirmer leur infinitude sont des problèmes ouverts. En 1903, on découvrit que M67 était composé (non premier), puis que M107 est premier, 11è du nom (Ralph E. Powers, USA, 1916) et M257 composé (non premier).
Ces nombres continuent à faire l'objet de recherches. Leur étude nécessite des techniques de décomposition complexes et de puissants ordinateurs ordinateurs tournant 24h/24 ! Les retombées de ces recherches peuvent paraître vaines mais elles sont loin d'être négligeables eu égard aux avancées dans le domaine du cryptage des données (factorisation de grands nombres).
Noter que les nombres de Mersenne ne sont pas nécessairement découverts en ordre croissant. Entre deux découvertes, il s'agit de vérifier qu'il n'y en a pas un caché. Pour cette raison, il est précisé ci-après la confirmation éventuelle du rang. Le dernier rang confirmé est le 42è, en décembre 2012.
Avis
aux amateurs : en collaboration avec le
GIMPS (Great
Internet Mersenne Prime Search), L'Electronic
Frontier Foundation offrit 100 000 dollars de récompense au découvreur de M45
, premier nombre premier de Mersenne possédant plus de 10 millions de
chiffres. Alors, vite, à vos PC !
Les tout derniers nombres de Mersenne trouvés : (source : www.mersenne.org)
21è siècle :
15 décembre 2005 : découverte de M30 402 457, 43è du nom, rang non confirmé, trouvé par les mêmes chercheurs américains; 9 152 052 chiffres.
18 février 2005 : découverte de M25 964 951, 42è du nom (confirmé en décembre 2012), trouvé par l'allemand Martin Nowak; il possède 7 816 230 chiffres.
15 Mai 2004 : découverte de M24 036 583, 41è du nom (confirmé en décembre 2011), trouvé dans le cadre du GIMPS; plus de 7 000 000 chiffres.
17 Novembre 2003 : découverte de M20 996 011, 40è du nom, découvert par un passionné, Michael Shafer (Floride, USA) chercheur au GIMPS. Il possède 6 320 430 chiffres.
20è siècle :
On remarquera que le nombre Ln de chiffres en base 10 des nombres de Mersenne peut être approché assez finement en arrondissant la mantisse de son logarithme décimal. 1 étant considéré comme négligeable devant 2n, si Ent désigne la fonction partie entière par défaut, l'entier le plus proche est donné :
Ln = Ent (log102n + 0,5) ≅ Ent (0,30103n + 0,5)
Par exemple : pour M19 = 524287, on obtient L19 ≅ Ent(6,219...) = 6. Pour M57 885 161 possédant 17425170, on obtient L57 885 161 = Ent(0,30103 × 57885161 + 0,5) = Ent(174251170,52) = 17425170. Pas mal...
Nombres de Mersenne et nombres parfaits pairs : » Nombres puissants et nombres premiers de Wieferich : »
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Niveau Sup :
http://perso.univ-rennes1.fr/antoine.chambert-loir/2005-06/a2/td4.pdf
(»
§2)
➔ Pour en savoir plus :