![]() » Topologie combinatoire et algébrique | Espaces métriques » Adhérence & partie dense , Compacité , Espace séparé , Topologie induite , Espaces vectoriels topologiques , Espace dual |
Les progrès de l'analyse, dans
l'étude des fonctions continues
(naïvement : dont la représentation graphique n'a pas de trous), de leur
dérivabilité, de leurs limites en un point (fini ou
non), de l'existence d'extremums, demandaient une définition
rigoureuse de l'idée intuitive de proximité, tout
particulièrement lors d'opérations sur ces fonctions.
Les suites de fonctions et la "découverte" de la
convergence
uniforme nécessitèrent de
nouveaux outils. On travaille là dans des ensembles dont les
points (éléments) sont des fonctions : espaces
fonctionnels.
Le terme actuel de topologie est dû à Listing. Mot à mot, la topologie est la science des lieux (du grec logos = discours au sens discursif : étude, raisonnement et topos = lieu, site).
Cette topologie s'intéresse aux propriétés qualitatives et aux positions relatives d'objets mathématiques dans un ensemble donné, indépendamment de leurs mesures. En quelque sorte, elle s'oppose à la topométrie consistant à mesurer "sur le terrain" et aux espaces métriques pouvant cependant être munis d'une topologie induite par leur distance.
➔ La continuité n'est pas l'apanage de l'analyse. Elle se retrouve en géométrie dans ses transformations, voire ses déformations continues : passage sans déchirure d'une forme à une autre, rencontrées principalement (historiquement tout au moins) dans l'étude des surfaces et des "grandeurs étendues" (variétés) avec les premiers travaux de Riemann et Poincaré : on parlait alors d'analysis situs :
Notion de topologie combinatoire et de topologie algébrique : »
La topologie dont il est fait ici exposé de quelques notions de base, est généralement qualifiée de topologie générale ou parfois, mais cette appellation est surannée, de topologie ensembliste car elle vit le jour avec la théorie des ensembles de Cantor et définie axiomatiquement par Hausdorff.
Topologie définie par ses parties ouvertes : |
Depuis Hausdorff, la notion d'espace topologique est clairement exprimée de manière axiomatique : une topologie sur un ensemble E est la donnée d'un ensemble U de parties de E (dits ouverts de E) vérifiant les trois axiomes suivants :
Un ensemble muni d'une topologie est un espace topologique.
Un voisinage d'un point de E est une partie de E contenant un ouvert contenant ce point.
Un
voisinage d'une partie A d'un espace topologique E est une partie de E contenant un ouvert contenant A.
Un point x pouvant être
identifié à une partie réduite à un seul élément, singleton {x} : un voisinage
de x
est alors un voisinage de {x}.
Le concept de voisinage d'un point dans un ensemble, au sens intuitif d'entourer, d'être proche (autant que l'on voudra), est à la base de la définition axiomatique des espaces topologiques donnée par Hausdorff et utilisée implicitement par Cantor lors de sa construction des nombres réels.
➔ On peut définir une topologie à partir de ses parties fermées ou par la notion de voisinage :
Topologie sur un ensemble non vide, voisinages, ouverts et fermés, base : |
1. Tout voisinage de x contient x lui-même.
2. L'intersection de deux voisinages de x est un voisinage de x
»
donc toute intersection finie de voisinage de x est un
voisinage de x.
3. Si une partie A de E contient un voisinage de x, alors A est un voisinage de
x.
4. Plus subtil mais indispensable...
: Si V est un voisinage de x, il existe un voisinage W de x tel
que V soit voisinage de chaque point de W.
La topologie usuelle (dite aussi naturelle) de R est toujours, sauf indication contraire, celle définie par :
V est un voisinage de x ssi ∃ h > 0, V ⊃ ]x - h, x + h[.
]x - h, x + h[ désignant l'ensemble de nombres réels u tels que x - h < x < x + h, intervalle ouvert au sens élémentaire et topologique.
Partant de cette définition d'une topologie :
Une partie P de E est dite ouverte si elle est voisinage de chacun de ses points.
∗∗∗
Vérifier que cette définition d'un ouvert est effectivement compatible avec
celle d'une topologie définie par ses ouverts
Dans R, l'ensemble J = ]a,b[, ensemble de nombres réels x tels que a < x < b, est une partie ouverte (intervalle ouvert). C'est un voisinage ouvert de tout point de J. Il n'en est pas de même de I = ]a,b], ensemble de nombres réels x tels que a < x ≤ b car un tel intervalle n'est pas un voisinage de b.
On appelle système fondamental (ou base) de voisinages d'un point x de E toute famille F de voisinages de x telle que tout voisinage de x contienne un voisinage de F.
Dans le cas de R ci-dessus, on peut choisir F comme ensemble des intervalles fermés [x - h, x + h] ou encore [x-1/n, x+1/n] : cette dernière famille constitue un système fondamental dénombrable de voisinages. Il en est de même dans tout espace métrique.
Base d'ouverts d'un espace topologique :
Si l'on note (E,U) un espace topologique, U désignant l'ensemble des ouverts de E, une base, au sens topologique, de (E,U) est une partie B de U telle que tout ouvert de U soit réunion d'ouverts de B. L'existence d'une base dénombrable pour un espace topologique (ou métrique) facilite son étude. C'est le cas, dans un espace métrique, des boules ouvertes de centres et de rayons rationnels.
Dans le cas de Rn, si n = 1, on parle concrètement d'intervalle ouvert, si n = 2, ce sont les disques ouverts et si n = 3, ce sont les boules ouvertes (R3 est assimilé à l'espace euclidien usuel de dimension 3). » distinguo géométrique entre boule et sphère.
Parties fermées :
Afin de préciser le concept d'intérieur et d'extérieur, on distingue les parties ouvertes et les parties fermées : une partie de E est dite fermée, si son complémentaire est un ouvert.
➔ On voit ainsi qu'un espace topologique pourra être défini au moyen de parties déclarées fermées et il s'agira de vérifier que leurs complémentaires (les ouverts) satisfont aux trois axiomes d'Hausdorff, ou bien de montrer directement, par passage au complémentaire que (utiliser les lois de Morgan :
Dans R, les intervalles [a,b] = {x∈R , a ≤ x ≤ b} sont fermés au sens topologique et on parle d'intervalle fermé, noté [a,b]. On parle parfois d'intervalle semi-ouvert ou semi fermé à droite ou à gauche comme, par exemple : [a,b[.
Dans l'espace euclidien usuel E3, de dimension 3, assimilé à R3, l'ensemble {M∈E3 , h > 0, 0 ≤ MP ≤ h} est un voisinage fermé d'un point P : boule fermée de centre P, de rayon h, réunion de la boule ouverte (même centre et même rayon) et de la sphère de centre M, de rayon h.
∗∗∗
Vérifier dans le cas des intervalles de R, que
ouvert n'est pas le contraire de
fermé !
Adhérence, partie dense, point d'accumulation, point isolé, intérieur, extérieur, espace séparable : |
Adhérence et partie dense :
Dans un espace topologique E, on dit qu'un point x est adhérent à une partie A de E pour signifier que tout voisinage de x rencontre A.
L'adhérence (ou fermeture) de A est l'ensemble des points adhérents à A et se note généralement ou A bien que cette notation puisse prêter à confusion avec la négation logique ou la notion de complémentaire en langage des ensembles.
x∈ A ⇔ il existe une suite (xn) de points de A tendant vers x
∗∗∗
Quelle est, dans R, l'adhérence de la suite de
nombres un = 1/n lorsque n parcourt N ?
L'adhérence de A est le plus petit ensemble fermé de E contenant A. Les parties fermées de E sont celles qui coïncident avec leur adhérence :
A est fermé dans E ⇔ A = A
On dit qu'une partie A de E est dense relativement à une partie B (ou encore dense dans B) pour exprimer que A contient B. Autrement dit, tout point de B est adhérent à A : B⊂A.
On dit qu'une partie A de E est dense dans E (ou simplement partout dense) pour exprimer que A est dense relativement à E tout entier. Autrement dit, tout point de E est adhérent à A et par conséquent A = E.
P1/ A est partout dense ⇔ Tout voisinage de tout élément de E rencontre A
P2/ Lorsque E est métrisable : A partout dense ⇔ Tout élément de E est limite d'une suite d'éléments de A.
Dans l'ensemble R des nombres réels, il en est ainsi de l'ensemble Q des nombres rationnels : Q = R. Tout intervalle de Q rencontre R. Tout réel x est limite d'une suite de rationnels.
∗∗∗
i/ Prouver que l'ensemble des nombres irrationnels,
complémentaire de Q dans R, est dense dans R.
☼
ii/ En application du résultat P2/ ci-dessus voir
cette page (Partie B, 6°)
Espace topologique séparable :
On nomme ainsi un espace topologique contenant un partie dense dénombrable. C'est le cas de R contenant l'ensemble dénombrable Q des nombres rationnels. à ne pas confondre avec le concept d'ensemble séparé.
Dans un ensemble séparable, toute famille infinie d'ouverts non vides deux à deux disjoints est dénombrable
Espace polonais : » » Souslin
Dans un espace topologique où tout point possède un système fondamental de voisinages dénombrable (en particulier dans un espace métrique), on a le résultat suivant :
Valeur d'adhérence :
On dit que x est une valeur d'adhérence (ou un point adhérent) d'une suite (s) de points d'une partie A d'un espace topologique E pour exprimer qu'il existe une suite extraite de (s) convergeant vers x.
➔ Un tel point est donc adhérent à A. La réciproque est vraie si E est un espace métrique.
Point d'accumulation :
Dans un espace topologique E, on dit qu'un point x est un point d'accumulation d'une partie A de E pour signifier que tout voisinage de x contient un point de A autre que x. Autrement dit, tout voisinage de x rencontre A-{x}, ce qui revient également à dire que x est adhérent à A -{x}.
! Pour certains mathématiciens, on parle de point d'accumulation d'une partie A pour signifier que tout voisinage de x contient une infinité de points de A.
A est fermé dans E ⇔ A = A ⇔ A contient ses points d'accumulation
Le cas réel : point d'accumulation, valeur d'adhérence et théorème de Bolzano-Weierstrass : »
Point isolé :
Un point x de A est dit isolé s'il existe un voisinage de x ne contenant aucun point de A autre que x : c'est dire qu'il n'est pas un point d'accumulation de A.
Point intérieur, point extérieur, Intérieur et extérieur d'une partie, point frontière, frontière :
On dit qu'un point est intérieur à une partie A d'un espace topologique E pour exprimer que A est un voisinage de x dans E. L'intérieur de A est l'ensemble des points intérieurs à A. C'est le plus grand ouvert inclus dans A, on le note généralement Å (A rond). Cet intérieur peut être vide. On parle aussi parfois d'extérieur de A pour signifier l'intérieur du complémentaire de A.
Dans R, l'intérieur de l'intervalle fermé [a,b] est l'ouvert ]a,b[.
A est une partie ouverte de E si et seulement si elle coïncide avec son intérieur : Å = A
On appelle frontière d'une partie A de E, l'ensemble des points adhérents à la fois à A et à son complémentaire CA dans E (points frontières). Autrement dit, tout voisinage d'un point frontière rencontre A et CA. Si l'on note ∂A la frontière de A, on a :
∂A = Adh(A) ∩ Adh(CA)
∗∗∗
a) Dans R, ]a,b[ et [a,b] ont
même frontière : la paire {a,b}.
b) Dans R3, la boule ouverte (ou fermée), de centre O, de rayon r,
a pour frontière la sphère de même rayon.
Qualificatifs attribués à certaines topologies : |
♦ Soit E un ensemble non vide. Si on réduit les ouverts à E et Ø, on obtient la topologie grossière.
♦ Si on choisit coensemble de toutes les parties de E, on obtient la topologie discrète. Les parties fermées sont aussi les parties ouvertes ! Cette topologie est celle contenant le "plus d'ouverts possibles".
♦ Sur un même ensemble, une topologie τ sera dite plus fine qu'une autre τ' si tout ouvert de τ' est un ouvert de τ (la topologie τ engendre "plus" d'ouverts que τ'). Inversement τ' sera dite moins fine que τ.
♦ On appelle topologie engendrée par un ensemble Π de parties de E, la topologie la moins fine contenant Π : c'est l'intersection des topologies, en tant que sous-ensembles de P(E), contenant Π.
Les intervalles ouverts, de la forme ]a,b[ = {x∈R , a < x < b} engendrent la topologie naturelle de R.
! On ne confondra pas les deux types précédents de topologie (discrète et grossière) avec le concept plus subtil de topologie faible : elle concerne la topologie de la convergence simple du dual topologique d'un espace vectoriel topologique.
∗∗∗
Soit E un espace topologique. On dit qu'une
suite (xn) de points tend vers un élément x de E ssi :
pour tout voisinage V de x, il existe un entier NV tel que si n
≥ Nv alors xn∈V.
Montrer que si E est muni de la topologie :
a) grossière, alors (xn)
converge vers tout point de E
b) discrète, alors (xn)
converge vers x ssi xn = x sauf pour un nombre fini de points.
♦ Si A est une partie d'un espace topologique E, la topologie induite dans A par celle de E est la topologie dont les ouverts seront par définition les traces dans A des ouverts de E, c'est à dire les intersections A∩U pour tout ouvert U de E.
N est un ensemble plein de trous... On peut le munir de la topologie discrète dont les ouverts sont les parties de N. Ce sont aussi les fermés ! Cette topologie n'est autre que la topologie induite par celle de R.
On peut munir l'ensemble Q des rationnels
de la topologie induite par celle de R : ses intervalles seront
]a,b[∩Q = {x∈Q
, a < x < b, a∈R,
b∈R}.
Pour tout ouvert U de R, U∩Q
est un ouvert de Q.
Concernant Q, on peut faire plus rigolo en forçant a et b à être irrationnels (non rationnels). Le complémentaire de l'intervalle précédent est un fermé. Mais c'est la réunion ]-∞,a[ ∪ ]b,+∞[ puisque ni a, ni b ne sont rationnels : c'est donc un ouvert. C'est une topologie d'ouverts-fermés. On parle de topologie booléenne.
∗∗∗
Montrer que les parties fermées de la topologie induite sont, en tant que
complémentaires des ouverts,
les traces dans A des fermés de E.
Espace topologique séparé, connexité, chemin : |
Un espace topologique E est dit séparé si pour tout couple (x,y) de E x E , il existe un voisinage Vx de x et un voisinage Vy de y d'intersection vide tel que Vx∩Vy = Ø. Muni de sa topologie usuelle, R est manifestement séparé.
Un espace topologique E est dit connexe s'il n'est pas possible d'écrire E comme réunion de deux de ses ouverts non vides et disjoints. Plus forte est la connexité par arcs :
Si x et y sont deux éléments d'un espace topologique E, un chemin de x à y est une application f continue de l'intervalle [0,1] dans E telle que f(0) = x et f(1) = y. On dira alors que l'espace topologique E est connexe par arcs pour exprimer qu'il existe au moins un chemin entre deux points quelconques de E. Si x = y, on parlera de lacet.
Connexité, notion d'homotopie : »
Théorème de prolongement :
E et F désignant deux espaces topologiques,
soient f et g deux applications continues de E vers F.
Si F est séparé et si f et g coïncident sur une partie dense de E, alors f = g.
Espaces topologiques et continuité : |
E et F désignant deux espaces topologiques, la définition de la continuité d'une application de E dans F peut s'écrire au moyen du concept de voisinage :
∗∗∗
Transcrire cette définition au cas d'une fonction numérique et vérifier la
concordance
On remarque que cela signifie que l'image réciproque de tout voisinage de f(xo) est un voisinage de xo. Dire que f est continue sur E signifiera que f est continue en tout point de E.
On a le résultats suivant :
Autrement dit : l'image réciproque de tout ouvert de F est un ouvert de E.
Topologie de la convergence simple et de la convergence uniforme : |
Il s'agit ici d'analyse fonctionnelle : soit E un
ensemble, F un espace topologique et
Φ l'ensemble
des fonctions de E vers F. Dire qu'une suite de fonctions (fn) de E
dans F converge simplement vers une fonction f de
Φ s'écrira
lim
Dans le cas numérique d'une fonction réelle ou complexe, nous écririons :
On peut alors définir une partie fermée dans Φ, à savoir :
et vérifier que l'on définit ainsi une topologie dans Φ, dite de la convergence simple.
➔ Dire qu'une série de fonctions Σfn converge simplement signifie que la suite de ses sommes partielles est simplement convergente.
Topologie de la convergence uniforme :
Soit E un ensemble non vide et F un espace vectoriel normé sur K = R ou C. On note || ||F la norme de F. Considérons l'ensemble Φ(E,F) des fonctions bornées de E vers F. On peut munir cet ensemble de fonctions d'une norme notée || ||∞, dite de la convergence uniforme, en posant :
Banach et les espaces normés : » » Weierstrass , Schwartz
Espaces vectoriels topologiques, notion de dual, bidual : |
Un espace vectoriel topologique est un espace vectoriel E sur un corps commutatif K (comme R ou C) muni d'une topologie assurant la continuité de ses lois de composition. En d'autres termes : les applications (u,v) → u + v et (k,u) → ku sont continues. On dit que la topologie définie sur E est compatible avec sa structure d'espace vectoriel.
∗∗∗
Justifier que (E,+) est un groupe topologique
Topologie définie par une norme ou une semi-norme
Il en est ainsi de tout espace vectoriel dont la topologie est associée à (on dit aussi définie par) une norme ou une semi-norme || || : on peut la définir par ses voisinages ouverts, boules B(u,r) de centre u, de rayon r pour signifier v∈B(u,r) ⇔ || v - u ||< r.
La seule connaissance des voisinages de O, vecteur nul de E, permet celle des voisinages de tout point de E du fait que les translations tv : u →u + v sont alors des homéomorphismes (bijections continues ainsi que leurs réciproques). Il en est de même des homothéties hk : u → ku , donc des dilations dk,v : u → ku + v.
Dual :
L'ensemble des formes linéaires (resp. linéaires et continues) d'un espace vectoriel (resp. d'un espace vectoriel topologique) est un espace vectoriel appelé dual algébrique (resp. dual topologique) de E. Le dual algébrique est souvent noté E*. Dans le cas d'un evt, le dual topologique E' est sous-espace vectoriel de E*. On a donc E'⊂E*.
Théorème :
Si E est de dimension finie, alors E et son dual E* sont isomorphes
En effet, si dimE = n, E est isomorphe à Kn de dimension n également. Comme pour toute application linéaire, toute forme linéaire f de E est caractérisée par les images des vecteurs fi (éléments de k) d'une base (ei)i=1,...n de E. Il résulte de cette constatation que f est isomorphe à Kn. D'où le résultat.
Bidual :
On peut définir le dual du dual, appelé bidual. Il est noté E** dans le cas algébrique et E'' dans le cas topologique.
L'application de E dans E** définie par x → hx avec hx(φ) = φ(x) pour toute forme de E* est injective. On démontre qu'en dimension finie, il s'agit d'un isomorphisme permettant d'identifier l'espace E à son bidual E**.
Propriétés importantes :
Soit E et F deux espaces vectoriels topologiques sur le même corps K de scalaires :
Soit f linéaire de E vers F. Alors f est continue sur E ⇔ f est continue en O, élément nul de E.
Soit f linéaire de E vers K (forme linéaire). Alors f continue sue E ⇔ f est bornée sur au moins un ouvert non vide de E.
Topologie définie par une famille de semi-normes :
Lorsque E est un espace vectoriel sur K et Φ l'ensemble des fonctions de E vers K (fonctions scalaires), on remarque que l'ensemble des formes linéaires de E (applications linéaires de E dans K) possède une intéressante propriété : si f en est un élément, | f | est une semi-norme.
∗∗∗
a) Justifier cette dernière assertion : prouver que pour toute forme linéaire f sur E,
| f
| est une semi-norme sue E.
b) Vérifier que toute combinaison linéaire de semi-normes est une semi-norme.
c) Prouver que si les si sont des semi-normes, alors Σsi,
(Σi2)1/2
et Sup si en sont aussi.
♦ On peut définir sur un espace vectoriel (E,+,.) la S-topologie définie par une famille S de semi-normes de la façon suivante :
Soit S = (si) une famille (finie ou non) de semi-normes sur E. Appelons si-boule de centre a, de rayon r, l'ensemble des x de E tels que si(x - a) < r. On appellera alors boule ouverte de centre a toute intersection de si-boules et sera déclarée ouverte, outre la partie vide, toute partie A de E contenant, pour chacun de ses points a, une si-boules de centre a.
∗∗∗
Vérifier que l'on obtient bien ainsi une topologie
vérifiant les 3 axiomes d'Hausdorff
On démontre que lorsque S est finie, de cardinal n, la topologie associée aux semi-normes définies ci-dessus est identique à la S-topologie. La S-topologie est compatible avec la structure d'espace vectoriel de E. Elle sera si séparée (condition nécessaire et suffisante) pour tout x non nul, il existe au moins une semi-norme s telle que s(x) soit non nul.
Topologie faible : |
Lorsque E est un espace vectoriel topologique, on peut le munir d'une autre topologie, à savoir celle associée à la famille des semi-normes f →| f | des formes linéaires (continues) de son dual topologique E'. On l'appelle topologie faible sur E (eu égard à celle d'origine, qualifiée alors de forte).
Une suite (xn) de E sera dite faiblement convergente pour exprimer qu'il existe un élément x de E pour lequel la suite f(xn) converge vers f(x) pour toute forme linéaire f de E'.
➔ Si a est donné dans E, l'application Φa de E' dans K qui à toute forme linéaire f du dual topologique E' de E associe f(a) est une forme linéaire sur E'. La topologie associée à la famille des semi-normes Φa est également appelée topologie faible sur E'.
On démontre que les topologies faibles ainsi définies sont les topologies les moins fines préservant la continuité des formes linéaires de E'.
Espace topologique compact, localement compact, relativement compact, quasi-compact, paracompact : |
Une espace topologique séparé (ou un de ses sous-ensembles) E est dit compact (le terme est de Fréchet, 1906) si l'ayant recouvert par une famille d'ouverts, on peut en extraire une sous-famille finie le recouvrant encore. Par recouvrement, on entend une réunion de parties de E qui égale ou contient l'espace E.
Il s'agit là de la définition actuelle d'un espace compact, supposé séparé, vérifiant l'axiome de Borel-Lebesgue. En fait, la définition de Fréchet, dans le cadre des espaces métriques naissants (objets de sa thèse de 1906) était moins générale et s'identifierait aujourd'hui au fait que E est compact si :
Tout filtre sur E possède au moins un point adhérent
assertion équivalente à l'axiome BL. Cette dernière définition fut retenue par Bourbaki pour définir les espaces quasi-compacts. Si on rajoute la condition de séparation l'espace est dit compact.
Notion de filtre selon Henri Cartan : »
Les parties compactes possèdent de "bonnes" propriétés : dans un espace métrique muni de la topologie induite par sa distance, on peut montrer que les parties compactes sont les parties fermées et bornées. En particulier, toute suite de Cauchy y est convergente.
Exemples fondamentaux :
Dans R, les intervalles fermés [a,b] avec a et b finis ou des réunions finis de tels intervalles sont compactes. Les parties compactes de R sont les parties fermées bornées.
Dans un espace compact, les parties compactes sont les parties fermées.
Dans C, identifiable à R2, les disques fermés (bord compris) : pour zo donné dans C et r ≥ 0, ensemble des complexes z tels que | z - zo | ≤ r, sont des parties compactes.
Dans R3, les boules fermées (surfaces comprises) sont compactes. Par exemple la boule de centre O de rayon 1, définie par x2 + y2 + z2 ≤ 1, est compacte. La boule ouverte x2 + y2 + z2 < 1 n'est pas compacte.
Dans un espace topologique séparé, toute intersection de compacts est compacte. Toute réunion finie de compacts est compacte.
Les parties compactes d'un espace vectoriel topologique de dimension finie sont ses parties fermées bornées
Tout espace métrique compact possède une base (au sens topologique) dénombrable.
Si A est une partie compacte d'un espace séparé, alors A est fermé. Si A est contenu dans une partie compacte, on dira que A est relativement compacte. Une espace topologique séparé est dit localement compact si chacun de ses éléments possède (au moins) un voisinage compact.
Tout espace topologique relativement
compact est un espace de Baire
Tout espace topologique localement compact à base dénombrable est un espace
polonais
» Borel , Baire , Souslin » espace polonais
On parle aussi d'espace topologique paracompact (appellation due à Dieudonné, 1944) pour désigner une espace séparé E tel que pour tout recouvrement (Ui) par des ouverts de E, il existe un recouvrement plus fin (Wj) et localement fini.
➔ Par recouvrement , on entend un recouvrement dont chaque élément Wj est inclus dans un élément Ui (ces recouvrements n'étant pas a priori dénombrables). Parlocalement fini, on entend que tout élément x de E possède un voisinage V dont l'intersection avec les Wj n'est non vide que pour un nombre fini d'indices j.
Dans un espace séparé, toute partie fermée est paracompacte. Tout espace compact est paracompact.
» Tietze
Théorème :
1/ Soit f une application continue d'un espace topologique E dans un espace séparé F, alors :
i/ l'image par f d'une partie compacte de E est une partie compacte de F.
En particulier dans le cas d'une fonction numérique, l'image d'un intervalle fermé est fermé.ii/ Si E est compact, f est fermée (l'image de tout fermé est fermé).
➔ Vocabulaire : on parle parfois d'image continue pour désigner l'image d'un ensemble par une application continue. Dans le cas i/ , on dirait alors simplement l'image continue d'une partie compacte est compacte.
Application propre :
Soit E un espace séparé et F localement compact. Une application continue f : E → F est dite propre si l'image réciproque de toute partie compacte de F est compacte.
Lorsque f est fermée (c'est à dire que l'image de tout fermé de E est fermée dans F), on peut restreindre la définition à l'image réciproque d'un singleton : f : E → F est propre ssi l'image réciproque de tout singleton est compacte.
Espace localement euclidien : |
Un espace topologique séparé E est dit localement euclidien si tout voisinage d'un point de E est homéomorphe à une boule de l'espace euclidien Rn. On parle également de variété topologique. Concrètement, il en est ainsi de notre bonne vieille planète, surtout avant qu'on ne s'aperçoive qu'elle était ronde (perçu par Thalès) : une petite surface sur la planète peut être assimilée à un disque de R2.
Notions sur les surfaces (au sens euclidien) : » » Riemann
➔ Pour en savoir plus :
Topologie générale, N. Bourbaki, (niveau master), Éléments de mathématique - Livre III
Topologie générale :
Cours de Topologie,
par Gustave Choquet,
Éd. Masson 1969, 1992
Espaces vectoriels topologiques : Nicolas Bourbaki, Éléments de Mathématique - Livre V, Espaces vectoriels topologiques. Éd. Hermann - Paris, 1974.
Mathématiques, Analyse L3, sous la direction de Jean-Pierre Marco, Pearson Education France, 2009.