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Né à Lille, Jean Dieudonné étudiera à Paris durant la première guerre mondiale avant de regagner Lille en 1919 où il poursuit ses études au lycée Faidherbe et prépare son entrée à l'École normale supérieure de Paris. Normalien, agrégé de mathématiques (major de sa promotion, 1927), Jean Dieudonné soutint sa thèse de doctorat sous l'égide de Montel et Picard (1931). Il fut un des membres fondateurs de Bourbaki et reçut le prix Francoeur 1938, un prix de l'Académie des sciences encourageant les jeunes chercheurs en mathématiques.
Professeur en France (Rennes, Nancy) mais aussi à l'étranger (Brésil, USA), Dieudonné fut professeur à la faculté des Sciences de Nice (dès 1964). Il en deviendra le premier doyen. En son honneur, le laboratoire de recherches en mathématiques de Nice Sophia-Antipolis (CNRS) porte son nom.
En 1958, naît l'Institut des Hautes Etudes Scientifiques de Bures-sur-Yvette. Dieudonné et Grothendieck seront les premiers professeurs permanents de cet institut dont la réputation égale aujourd'hui celle, aux États-Unis de l'Institute for Advanced Study de Princeton. Dieudonné fut élu à l'Académie des sciences en 1968.
Outre la mise en place des Éléments de Mathématique de Bourbaki, Dieudonné est l'auteur de nombreuses publications en théorie des espaces vectoriels topologiques, groupes de Lie, géométrie algébrique, algèbre homologique en collaboration avec Grothendieck. Ses Éléments d'analyse publiés à partir de 1960 (9 tomes) constituent une synthèse éblouissante de l'analyse mathématique. On pourra trouver les tables des matières de ces 9 volumes sur le site Wikipedia (» réf.2).
Dieudonné est aussi l'auteur (en 1969) du célèbre slogan "à bas Euclide !", non pour dénigrer le génial mathématicien grec, mais pour fustiger l'enseignement excessif de la géométrie du triangle au collège et au lycée. Il est ainsi à l'origine de l'avènement de l'enseignement des mathématiques dites modernes des années 1970, dont l'efficacité fut cependant très contesté et source de nombreuses polémiques.
Les excès du "modernisme" furent d'ailleurs regrettés par Dieudonné lui-même. Il publia également de nombreux livres et articles sur les mathématiques, leur enseignement et leur histoire. Il reçut le prix Julia 1966 et le prix Leroy P. Steele 1971.
» Lichnerowicz , Choquet
➔ Pour en savoir plus :
i Fourier avait reproché à Jacobi (et à Abel) de perdre leur temps dans leurs travaux sur les fonctions elliptiques alors que la physique attendait des outils mathématiques (thermodynamique en particulier). Jacobi répondit « qu'un philosophe comme lui devrait savoir que la seule fin de la science est l'honneur de l'esprit humain et qu'à cet égard une question concernant les nombres a autant de prix qu'une question sur le système du monde ».
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