![]() Composante connexe | connexité : simple , locale, par arc | chemins & lacets | homotopie, isotopie |
Un espace topologique E est dit connexe (du latin connexus = d'un seul tenant, participe passé de conectere = attacher ensemble, contraction de cum = avec et nectere = enlacer) s'il ne peut pas s'écrire comme la réunion de deux ouverts disjoints non vides. Concrètement, E n'est pas en pièces détachées : il est d'un seul tenant...
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Montrer que l'on
peut, dans cette définition, remplacer ouverts par fermés.
Une partie A d'un espace topologique est dite connexe si, muni de la topologie induite par celle de E, A est connexe.
Dans tout espace topologique, Un singleton {a} est connexe. Noter Ø que est connexe !
R est connexe et, dans R, les parties connexes sont les intervalles finis ou non.
Q ⊂ R n'est pas connexe : si I = ]-∞,√2[ ∩ R et J = ]√2,+∞[ ∩ R, Q = I ∪ J, réunion de deux ouverts non vides.
Un disque du plan (resp. une boule de l'espace euclidien 3D) est connexe mais le cercle (resp. la sphère), sa surface, ne l'est pas.
Une courbe du plan ou de l'espace contenant un "trou" n'est pas connexe : par exemple l'hyperbole équilatère possède deux branches "séparées".
Mais une surface ou un volume de l'espace usuel contenant des "trous" peuvent être connexes : il en est ainsi du tore.
! E peut être connexe et s'écrire A ∪ B avec A ∩ B = Ø : par exemple l'intervalle connexe E = [0,2] est la réunion de [0,1] et de ]1,2] dont l'intersection est vide.
Dans le plan euclidien identifié au plan complexe, le disque de centre O de rayon 2 est réunion du disque connexe ouvert A de centre O de rayon 1 : A = {z∈C / 0 ≤ | z | < 1} et de la couronne connexe B = {z∈C / 1 ≤ | z | ≤ 2} dont l'intersection est vide :
A et B ont même frontière (au sens topologique). Si E = A ∪ B avec A ∩ B ou A ∩ B non vides, alors E est connexe (A désignant l'adhérence de A).
Autres définitions usuelles équivalentes de la connexité de E : |
d2/ E n'admet pas de parties à la fois ouvertes et fermées autres que lui même et Ø.
d3/ Si E = A∪B avec A et B non vides, alors il existe un point de A adhérent à B ou un point de B adhérent à A.
d4/ Si F est un espace topologique, toute application localement constante de E vers F est constante.
d5/ Toute fonction continue sur E à valeurs dans un espace discret (les ouverts sont ses parties) est constante sur E.
Quelques propriétés fondamentales :
p1/ Soit R une relation d'équivalence définie dans E connexe, alors l'espace quotient E/R est connexe.
p2/ Si A est une partie connexe, alors son adhérence A est connexe
p3/ L'image par une fonction continue d'une partie connexe est connexe
» et on a en conséquence le théorème des valeurs intermédiaires.
Composante connexe : |
Dans un espace topologique E, tout singleton {x} est connexe. La réunion de toutes les parties connexes de E contenant x est la composante connexe de x. C'est donc le plus grand connexe de E contenant x. Si une partie A est la composante connexe d'un élément x de E, on dira que A est une composante connexe de E.
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Montrer que les
composantes connexes de E constituent une partition de E
Espace (ou partie) connexe par arcs, chemin, lacet : |
Il s'agit là d'une connexité plus forte que l'on peut résumer ainsi :
E est dit connexe par arcs si pour toute paire de points {A,B} de E, il existe un chemin joignant A à B.
Mais c'est quoi un chemin ? il s'agit tout simplement d'une application continue φ de [0,1] dans E telle que A et B appartiennent à Im φ : il existe u et v dans [0,1] tels que φ(u) = A et φ(v) = B. φ(0) et φ(1) sont les extrémités et si φ(0) = φ(1), on parlera de lacet.
➔ Tout espace ou partie connexe par arcs est connexe mais la réciproque de ce résultat est fausse. D'ailleurs si la réciproque est vraie, à quoi bon définir deux types connexités équivalentes ? Plus sérieusement, voici un contre-exemple :
Considérons la fonction f : x → cos(1/x) sur l'intervalle [0,1]. Lorsque x tend vers 0, la courbe oscille indéfiniment entre -1 et 1. Si on appelle G le graphe de la fonction sur ]0,1] et S le segment [-1,1] de l'axe des ordonnées, soit S = {(0,y) / -1 ≤ y ≤ 1}, G est connexe et K = G ∪ S est l'adhérence de G, donc K est connexe mais non connexe par arc car G n'est pas prolongeable par continuité.
Une partie U de E est dite étoilée lorsque U contient au moins un point A tel que pour tout point B de U le segment [AB] soit inclus dans U. On dira aussi que U est étoilée par rapport à A.
Toute partie étoilée est connexe par arcs
Espace localement connexe : |
On qualifie ainsi un espace topologique E où tout point admet une base de voisinages connexes. Rappelons qu'on appelle base de voisinages d'un point x une famille F de parties de E telle que tout voisinage de x contienne un élément de F. » topologie et voisinages
Dans R, une base de voisinages de tout point de x est constituée par les intervalles ouverts de centre x :
]x - h, x + h[, h > 0.
Notion d'homotopie et d'isotopie, espace simplement connexe, groupe d'homotopies, groupe de Poincaré : |
L'étude des propriétés d'un espace topologique (souvent menée par homéomorphisme) peut être facilitée par la notion d'homotopie (du grec homoios = semblable et topos = lieu) :
On dit que deux chemins φ et ψ d'un espace topologique E sont homotopes si l'on peut passer par déformation continue de l'un à l'autre. En d'autres termes :
φ et ψ homotopes ⇔ il existe h : [0,1]2 → E, h continue et h(t,0) = φ(t) , h(t,1) = ψ(t) (1)
➔ Vu la continuité de h, pour tout u de [0,1], on notera que l'application t → hu(t) = h(t,u) est un chemin de E. On définirait de même des lacets homotopes en imposant à l'homotopie t → hu(t) d'être un lacet pour tout réel u de [0,1].
L'usage de la locution "φ et ψ sont homotopes" laisse à penser que la relation H définie par φ H ψ ssi il existe une homotopie h telle que (1) est symétrique. C'est effectivement le cas : on a ψ H φ avec h' : [0,1]2 → E, h'(t,u) = h(t,1 - u). La relation H étant clairement réflexive et transitive, c'est une relation d'équivalence : » groupe d'homotopie ci-après. On pourra alors exprimer de façon symétrique que l'application h est une homotopie entre φ et ψ. On qualifie d'isotopie une homotopie injective.
Isotopie et théorie des nœuds : »
Espace simplement connexe :
Avec ces définitions, on dira qu'un espace connexe par arcs est simplement connexe si tout lacet est homotope à un point.
Concrètement, on peut par déformation continue réduire tout lacet d'origine x à {x}. En schématisant , E est simplement connexe, un espace plan à trous comme F ne l'est pas :
➔ Noter qu'un disque privé de son centre n'est pas simplement connexe mais une boule privée de son centre l'est : on pourra toujours réduire le lacet en évitant d'entourer le centre...
Groupes d'homotopies :
Il apparaît que l'homotopie définit une relation d'équivalence H (relation d'homotopie) entre les lacets de E ainsi qu'entre les chemins de E ayant mêmes extrémités :
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Vérifier cela en
considérant la relation H définie par : φ
H ψ
ssi il existe
une homotopie de φ à ψ
» La propriété
de symétrie sera prouvée en posant h'(t,u) = h(t,1-u) : homotopie de
ψ
à φ
Les classes d'équivalence (relativement à un chemin ou un lacet) pour la relation d'homotopie sont dites classes d'homotopie.
Soit x un élément d'un espace topologique E et L l'ensemble des lacets d'origine x. A tout couple (φ,ψ) de L2, on fait correspondre le lacet ψ o φ consistant à parcourir le lacet φ puis ψ. On définit ainsi une loi de composition interne dans L.
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Vérifier que la
loi de L est compatible avec la relation d'homotopie.
Le groupe quotient L/H est appelé groupe d'homotopie de E au point x et souvent noté π(E,x).
Groupes de Poincaré :
On a ce résultat important :
Si E est connexe par arcs, tous les groupes d'homotopie sont isomorphes
Dans ce cas, on peut dire que π(E, x) est unique à un isomorphisme près, on le note alors simplement π(E) et on l'appelle groupe fondamental de E ou encore groupe de Poincaré.
➔ Pour en savoir plus :
Topologie, Livre III, Ch.1 - N. Bourbaki.
Calcul infinitésimal, Ch. 7 - Jean Dieudonné - Éd. Hermann, Paris 1968
Groupes d'homotopie et classes de groupes abéliens par
J.-P. Serre (1953) :
http://www.maths.ed.ac.uk/~aar/papers/serre2.pdf