ChronoMath, une chronologie des MATHÉMATIQUES
à l'usage des professeurs de mathématiques, des étudiants et des élèves des lycées & collèges

ALEXANDRIE , ÉGYPTE

Fondée par Alexandre le Grand (-356/-323 av. J.-C.) en -332, Alexandrie, ville du nord de l'Égypte, située sur la Méditerranée, à l'ouest du delta du Nil, fut un des grands comptoirs commerciaux et le plus grand centre intellectuel de l'empire d'Alexandre. Roi de Macédoine, puis de Perse (d'où il chasse Darius III), pharaon en Égypte, roi de Babylone, fort cultivé (il fut élève d'Aristote), y encouragea la philosophie et les sciences, tout particulièrement l'astronomie et les mathématiques.

Alexandre le Grand, mosaïque, Pompéi.

La dynastie grecque des Ptolémée (seize souverains, sans liens de parenté avec le mathématicien grec) qui succéda à Alexandre jusqu'en -30, encouragea l'art et la culture. L'université d'Alexandrie fut crée par Ptolémée Ier, dit Soter (le Sauveur). Euclide y fonda son École de Mathématiques.

Le phare d'Alexandrie selon J. von Erlach (1656-1723)

Les plus grands mathématiciens et astronomes vinrent s'y installer. Citons Archimède, Eratosthène, Ptolémée, Héron, Diophante... Alexandrie supplanta l'hégémonie d'Athènes. Elle fut le phare de la connaissance (au sens propre et au sens figuré : le phare d'Alexandrie, situé sur l'île de Pharos, construit sous le règne de Ptolémée II dit Philadelphe (car il épousa sa sœur) 300 ans avant Jésus Christ, résista jusqu'en 1302 aux tempêtes et tremblements de terre. Classé comme l'une des sept merveilles du monde par des sources incertaines, de nombreux restes furent retrouvés dans la mer en 1996.


La construction d'Alexandrie :  http://www.touregypt.net

Lors de la révolte contre les troupes romaines de Jules César en - 47, la déjà fameuse bibliothèque fut incendiée. Près de la moitié des précieux papyrus et tablettes d'argile, frappées de l'écriture cunéiforme, fut anéantie. Et la disparition de (la très belle) Cléopâtre VII d'Égypte (-30), fille de Ptolémée Aulète, marque la fin du rayonnement de la ville. Pillée au cours des invasions chrétiennes (1er siècle) puis arabo-musulmanes (7e siècle), Alexandrie ne sera plus qu'un port militaire et commercial.

Il fallut attendre 1000 ans pour que le monde occidental, sortant de l'obscurantisme intolérant et rétrograde des religieux du moyen âge, put retrouver, avec la Renaissance (15e siècle), un niveau intellectuel et scientifique égal à celui de la Grèce antique.


Site archéologique de Gizeh - Le Caire

L'histoire de l'Égypte pharaonique s'étale sur près de 3000 ans avant J.-C. : trente dynasties de pharaons (du grec pharaô pour signifier roi d'Égypte) se succédèrent de Ménès jusqu'à Alexandre le Grand dans une magnificence aujourd'hui mythique et dont les récits d'Hérodote (» ci-après) et, plus proche de nous, Napoléon Bonaparte suite à sa campagne d'Égypte accompagné de nombreux savants, entretinrent la légende.

C'est au cours de cette campagne que Napoléon, avant la célèbre bataille des Pyramides, aurait dit à ses soldats en présence de Monge (qui l'accompagnait en tant que scientifique, illustration de gauche) la célèbre phrase : du haut de ces pyramides, 40 siècles vous regardent.

» Hérodote (-484?/-425?) : cet historien et homme politique grec fut surnommé le Père de l'histoire. Il entreprit de nombreux voyagea en Europe, Perse, Asie et Afrique. Il connut de nombreux philosophes et scientifiques et mit par écrit ces rencontres. Ses Histoires, réunies en neuf livres furent une source inestimable sur le plan philosophique, culturel, scientifique et politique.

Un peu plus sur les pyramides : »

La construction de temples et de pyramides (vers -2500, IVè dynastie) d'une immense richesse et d'une architecture impressionnante, tombeaux des rois et sanctuaires à la gloire de dieux, depuis l'actuel Le Caire (au Nord) jusqu'en Nubie (Vallée des rois, Abu Simbel, au Sud sur le Nil, partiellement recouverte par les eaux du barrage d'Assouan en 1970) ponctuent la splendeur de ce qui fut la plus grande civilisation de tous les temps anciens.

Le calendrier égyptien :   

L'ancienne Égypte possédait un calendrier déjà fort semblable au notre, dit grégorien (du nom du pape Grégoire XIII) lui-même dérivé du calendrier julien (Jules César). Le calendrier égyptien est un calendrier solaire (basé sur l'observation du Soleil) mais également en rapport avec le Nil : l'année égyptienne comptait 360 jours de 24 heures hérités des babyloniens (année civile), augmentée de 5 jours (soit 365 jours) dits épagomènes (= ajoutés) afin de coïncider approximativement avec l'année solaire (365 jours 1/4).

L'année comptait 12 mois de 30 jours et trois saisons basées sur les flux du Nil (crue, décrue, saison sèche). Des corrections étaient faites à la fin du 12è mois et au solstice d'été. Ce calendrier, adopté par les chrétiens d'Égypte au 7è siècle, devint le calendrier copte (ou cophte). Il tint alors compte, comme le calendrier julien, de la correction de l'année solaire avec l'ajout d'un jour tous les 4 ans (années bissextiles).

Et l'on ne peut refermer ce court rappel historique sans citer :

  La célèbre reine Néfertiti, femme du pharaon Akhenaton (Amenophis IV, XVIIIè dynastie, qui régna de -1372 à -1354) dont la beauté est témoignée par les nombreuses sculptures dans la ville qu'il construisit à sa gloire (Akhetaton, aujourd'hui Tell El Amarna).

  L'enfant roi, Toutankhamon, sacré pharaon à 10 ans, qui épousa, encore enfant, une des filles de Néfertiti. Il mourut fort jeune à 19 ans atteint de la tuberculose. Son tombeau fut retrouvé en 1922, dans la Vallée des Rois, par H. Carter, archéologue anglais.


Masque funéraire de Touthankhamon

Restée inviolée par les pilleurs, la  tombe comprenaient plusieurs chambres contenait des trésors inestimables que l'on peut admirer au musée des antiquités du Caire. L'étude de la momie ont permis de constater des traces de coups violents sur le crâne et certains spécialistes penchent aujourd'hui pour un possible assassinat.

Ramsès II (vers - 1300 à -1235), fut un des plus grands pharaons et bâtisseurs de l'ancienne Égypte : on lui doit les temples d'Abou Simbel, de Louqsor et de Karnak dont l'un des obélisques fut ramené par Bonaparte, érigé aujourd'hui place de la Concorde à Paris :


 

Champollion et les hiéroglyphes :

    Le médecin et physicien anglais Thomas Young (1773-1829) et plus particulièrement le français Jean-François Champollion (1790-1832), étudiant la fameuse pierre en basalte de Rosette (Rachid, petite ville à l'Est d'Alexandrie), remontant à 196 av. J.-C. et découverte en 1799 au cours de la campagne d'Égypte, purent traduire (1822) les hiéroglyphes en comparant les trois écritures hiéroglyphique, démotique et grecque d'un même décret de Ptolémée V frappées sur la pierre.

On attribue à Young le premier déchiffrage d'un hiéroglyphe : par des calculs statistiques sur les pictogrammes hiéroglyphiques, il put traduite une cartouche (encadrement sculpté contenant une inscription) signifiant Ptolémée.

C'est grâce à sa connaissance de la langue copte que Champollion finit par décrypter, auprès de Fourier qui dirigeait l'institut d'Égypte créé par Bonaparte, l'énigmatique écriture égyptienne. En 1826, Charles X le nomma à la tête du conservatoire égyptien du Louvre.    

» Gaspard Monge

 i   En août 1799, Bonaparte confie le commandement de l'armée d'Égypte au général Kléber qui sera assassiné au Caire un an plus tard. Sa mort marque le déclin de l'influence française au profit, de nouveau, des Anglais. La rance perd la bataille d'Alexandrie le 21 mars 1801. Les Anglais exigeront la restitution de nombreuses collections égyptiennes dont la pierre de Rosette.

L'écriture égyptienne antique connut trois types d'écriture :

  • hiéroglyphique (pictogrammes, du grec hieros = sacré et gluphein = graver), que l'on admire sur les monuments et les fresques;

     ← la pierre de Rosette (Rosetta stone, British Muséum), clic on the stone...
     

  • démotique, écriture simplifiée, populaire (du grec dêmos : le peuple) utilisée dans le commerce et les administrations. Commerçants, architectes et ingénieurs manipulaient une symbolique très complexe dans l'art de calculer;          
     

  • hiératique (idéogrammes, du latin hieraticus = sacré), écriture cursive dérivée des hiéroglyphes et utilisée par les scribes, elle fut obtenue en extrayant des hiéroglyphes la partie la plus signifiante et laissant au lecteur averti le soin de reconstituer le sens.

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 !  Bien que transcrire lettre par lettre n'a guère de sens (dans tous les sens du terme...) car les hiéroglyphes, de nature figurative et symbolique ont aussi un caractère polysyllabique, puis syllabique (écriture hiératique), mais non purement alphabétique.

Voici ce que donnerait cependant et approximativement  (à gauche) le mot MATHS, en écriture hiéroglyphique et hiératique. On voit que cette dernière écriture a un aspect cursif rappelant la langue arabe :

Adeptes du calcul fractionnaire, Les égyptiens estimaient, au temps du grand Alexandre, que la circonférence L d'un cercle de diamètre d vérifiait : 3 + 1/8 < L/d < 3 + 1/7, soit :

3,1250 < π < 3,1428

un encadrement peu convaincant qu'Archimède améliorera grandement.


Le scribe Ahmès :
»      Numération égyptienne : »       Fractions unitaires : »



 
  Pour en savoir plus :


Babylone   Monde arabo-persan
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