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Astronome,
mathématicien, géographe et philosophe renommé :
il fut bibliothécaire à Alexandrie
à la demande de Ptolémée III (roi d'Égypte) et
connut Archimède.
Ératosthène se distingua en arithmétique, avec son célèbre crible (évoqué ci-après) dressant la table des
nombres premiers, en géométrie, où il apporte une une méthode de
résolution
mécanique de la duplication du cube
par insertion de moyennes proportionnelles au moyen de son
mésolabe,
et en astronomie, où il établit des résultats
remarquables comme le premier calcul du méridien terrestre
(local) vers 230 avant J.-C. ainsi que le calcul de l'inclinaison de l'écliptique
par rapport au plan de l'équateur terrestre. On savait depuis
Parménide d'Élée, philosophe grec qui vécut vers -530 av. J-C. et selon certains
auteurs depuis Pythagore, que la Terre est
quasiment sphérique.
Les historiens s'accordent pour attribuer à Ératosthène l'invention des armilles (du latin armilla = bracelet), cercles et disques métalliques gradués permettant de repérer la position les astres de la sphère céleste. Hipparque et Ptolémée en feront grand usage (» réf.4a). L'astrolabe d'Hipparque, sphère armillaire, composée d'armilles imbriquées (verticale, horizontale, inclinée), perfectionna le principe. Les astronomes arabes du Moyen Âge apporteront des améliorations substantielles dans la précision de ces instruments (» réf.4b) qui seront utilisés jusqu'au 17è siècle, époque où la lunette astronomique de Galilée apporta une précision sans commune mesure.
Crible d'Ératosthène : |
Ératosthène est célèbre pour son crible, (du latin criblum = tamis) permettant de reconnaître les nombres premiers inférieurs à un entier N donné :
Rappelons qu'on qualifie de premier tout nombre entier n'ayant que deux diviseurs distincts 1 (diviseur commun à tous les entiers) et lui-même. La méthode repose sur une conséquence élémentaire d'un résultat fondamental établi par Euclide selon laquelle :
Si n est un entier non premier, alors n admet un diviseur premier k tel que k2 ≤ n
Considérons par exemple N = 100; on dresse la table des entiers de 1 à 100.
1 n'est pas premier (il n'a qu'un seul diviseur) : on le supprime.
k = 2 est premier; on supprime tous les multiples de 2.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 ...
k = 3 est premier; on supprime tous les multiples de 3 restants (on les reconnaît facilement : la somme des chiffres est un multiple de 3) :
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 |
11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 |
21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 |
31 | ... |
k = 5 est premier; on supprime tous les multiples de 5 restants (seul 25 restait) :
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 |
11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 |
21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 |
31 | ... |
L'algorithme prend fin lorsque k2 > N (k = 11 dans notre cas) : les nombres non effacés sont premiers.
On obtient finalement le crible des nombres premiers inférieurs à 100, au nombre de 25 :
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 |
11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 |
21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 |
31 | 32 | 33 | 34 | 35 | 36 | 37 | 38 | 39 | 40 |
41 | 42 | 43 | 44 | 45 | 46 | 47 | 48 | 49 | 50 |
51 | 52 | 53 | 54 | 55 | 56 | 57 | 58 | 59 | 60 |
61 | 62 | 63 | 64 | 65 | 66 | 67 | 68 | 69 | 70 |
71 | 72 | 73 | 74 | 75 | 76 | 77 | 78 | 79 | 80 |
81 | 82 | 83 | 84 | 85 | 86 | 87 | 88 | 89 | 90 |
91 | 92 | 93 | 94 | 95 | 96 | 97 | 98 | 99 | 100 |
Crible
: programme JavaScript
, Recherche de
nombres premiers dans une fourchette donnée
L'arithmétique d'Euclide : multiples, diviseurs, PGCD, nombres premiers, ... : »
Calcul du méridien terrestre : |
En astronomie, Ératosthène se distingua par son remarquable calcul de la longueur du méridien terrestre qu'il évalue à environ 40000 km en remarquant qu'au solstice d'été, le soleil est au zénith à Syène (point S, aujourd'hui Assouan), située au sud d'Alexandrie et approximativement sur le même méridien (à 3° près, point A) où, à la même époque (même jour, solstice d'été), l'ombre d'un obélisque indique que les rayons solaires font un angle ^ABC par rapport à la verticale correspondant à un cinquantième de cercle (1/50ème).
➔ Dire que le Soleil est au zénith à Syène au solstice d'été signifie que les rayons "frappent" le sol à la verticale. Autrement dit, Syène est situé sur le tropique du Cancer, ce qui est approximativement exact : 24° 05' de latitude nord, tropique du cancer : 23° 26'.
Les rayons du Soleil sont considérés comme parallèles : il nous apparaît comme un disque lumineux dont le diamètre apparent est celui de la Lune (à ne jamais regarder sans protection adaptée : quelques secondes suffises pour bruler la rétine). Mais il est très éloigné, à environ 150 millions de km de la Terre. Sur le schéma à droite ci-dessus, un point lumineux S envoie sur la Terre un faisceau conique et plus il s'éloigne, plus l'angle sous lequel on le voit diminue. A la limite, si S est à l'infini, cet angle est nul. C'est presque le cas pour le Soleil : l'angle vaut environ 18 secondes d'angle, soit ≅ 0,005°; ses rayons nous semblent parallèles.
L'angle ^ABC a donc même mesure que ^ATS (angles alternes-internes), à savoir 1/50è de cercle. Eratosthène évalue à 5000 stades la distance d'Alexandrie à Syène en suivant un chemin nord-sud, donc un arc de méridien local. Le stade était une meure de distance utilisée dans les compétitions sportives valant approximativement 158 m. Avec ces données, un méridien correspond à 5000 × 50 stades = 250 000 stades, soit 39500 km, ce qui indique un rayon terrestre R défini par 2πR = 39500, soit R ≈ 6287 km. Si l'on considère, de nos jours, le rayon moyen de la Terre égal à 6371 km, le résultat d'Ératosthène est donc tout à fait remarquable : moins de 2% d'erreur.
D'une façon générale, en notations d'aujourd'hui, si A et B sont deux lieux situés sur un même méridien (même longitude), notons :
x et y les mesures en degrés des angles entre les rayons du soleil considérés comme parallèles (» ci-dessus) et les verticales en A et B;
z la mesure en degrés de l'angle ^ATB;
R le rayon moyen de la Terre;
L la circonférence moyenne d'un méridien;
d la mesure linéaire de l'arc AB.
On a les relations :
Calcul de l'obliquité de l'écliptique : |
L'obliquité de l'écliptique dans son aspect héliocentrique
depuis Kepler (la Terre tourne autour du Soleil)
Eratosthène évalua l'inclinaison du plan de l'équateur terrestre par rapport au plan de l'écliptique. Sa méthode n'est pas connue. Sans doute a-t-il mesuré à l'aide d'une armille la distance angulaire des rayons solaires lors d'un solstice d'été et un solstice d'hiver. Exprimée en fraction de circonférence, selon F. Hoefer (ref.1a, page 157) il aurait trouvé 11/83, ce qui correspond degrés et minutes d'angle à :
360° × 11/83 ÷ 2 = 23°,8554... = 23° + 0,8554... × 60 ≈ 23° 51'
Elle est évaluée de nos jours à 23 26' 12". Un très bon résultat donc, obtenu il y 2300 ans avec des moyens précaires qui honore tant ce brillant astronome et mathématicien que l'humanité tout entière. Hipparque et Ptolémée ne feront pas mieux et adopteront cette approximation.
Histoire de l'astronomie depuis ses origines jusqu'à nos
jours
de Ferdinand Hoefer, Librairie Hachette (1873), page 157, »
réf.1
➔ Pour en savoir plus :
Histoire de l'astronomie depuis ses origines jusqu'à nos
jours, par Ferdinand Hoefer (1811-1878) :
a)
https://books.google.fr/books?id=X79KAAAAMAAJ (page 151 et suivantes
de la pagination)
b)
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k949337/ (moins bonne qualité
que le lien précédent)
Le Système du Monde, tome 1, La cosmologie
hellénique, Ch. III, pages 111-129, par Pierre Duhem (1861-1916) sur Gallica :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97527176
Ératosthène et la mesure du rayon terrestre (Eduscol,
ENS Lyon) :
https://planet-terre.ens-lyon.fr/ressource/Terre-ronde-Eratosthene.xml
a) Armille (instrument de mesure astronomique) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Armille_(astronomie)
b) Mémoire sur les instruments astronomiques des Arabes,
par Louis Amélie Sédillot (1844) :
https://www.persee.fr/docAsPDF/mesav_0398-3587_1844_num_1_1_1004.pdf