ChronoMath, une chronologie des MATHÉMATIQUES
à l'usage des professeurs de mathématiques, des étudiants et des élèves des lycées & collèges

JULIA Gaston Maurice, français, 1893-1978

Né à Sidi Bel Abbès de parents installés en Algérie (alors département français), Gaston Julia fut un brillant élève qui obtint en 1910 une bourse d'études pour étudier à Paris en classe préparatoire au lycée Janson de Sailly. Il se présente aux concours des grandes écoles après une  seule année (1911) et est reçu 1er à Normale Sup et à Polytechnique ! Julia choisit l'ENS. Agrégé de mathématiques (1914), il fut très grièvement blessé au visage pendant la première guerre mondiale (défiguré, il devra porter un masque).

C'est lors de longs séjours dans les hôpitaux que le jeune mathématicien ébauchera ses premiers travaux. C'est ainsi que devant Picard et Georges Marie Humbert, il soutint une première thèse à la faculté des sciences de Paris (1917) intitulée Étude sur les formes binaires non quadratiques à indéterminées réelles ou complexes, ou à indéterminées conjuguées (» réf.3a, 293 pages !).

L'année suivante, il traite un sujet pointu relatif aux fonctions complexes en prolongement de ceux commencés par Fatou : Mémoire sur l'itération des fonctions rationnelles, publié en 1918, qui lui valut le Grand prix de l'Académie des sciences et qui sera sa seconde thèse de doctorat (» réf. 3b). Notons que le terme itération (du latin iterare = répéter, redire) et la locution fonction itérée semble apparaitre pour la première fois en mathématiques avec Julia.

Maître de conférence à la Sorbonne, Julia enseigna également à l'Ecole normale supérieure et à l'École polytechnique. Il fut élu à l'Académie des sciences en 1934, section géométrie. Récipiendaire du prix Francoeur (1926). Parmi ses étudiants, on compte Claude Chevalley et Jacques Dixmier.

Monge, fondateur de l'ENS et de l'École Polytechnique :  »

Les ensembles de Julia (ainsi dénommés par B. Mandelbrot) :

Ces ensembles furent la source des travaux de Benoît Mandelbrot sur les objets fractals dans les années 1970, époque où l'apport de l'outil informatique permit la visualisation de ces ensembles étonnants remettant en cause le concept usuel de courbe.

Notons fc la fonction complexe définie de C dans C par fc(z) = z2 + c et  fcn(z) le n-ème itéré de z par f, n décrivant N :

fco(z) = z , fc1(z) = fc(z) , fcn(z) = fc( fcn-1(z)).

Considérons l'ensemble Zc des nombres complexes z tels que l'ensemble de leurs itérés par fcn(z) soit borné. On désigne alors par Kc l'ensemble des points M(x,y) du plan complexe, d'image z = x + iy, z décrivant Zc. La frontière de Kc est l'ensemble de Julia associé au complexe c.

   L'ensemble de Julia peut aussi être défini par l'étude de la suite : zn+1 = zn2 + c. L'ensemble Kc est alors l'ensemble des valeurs initiales zo de la suite telles que (zn ) soit bornée et convergente. L'ensemble de Julia, sa frontière, est l'ensemble des valeurs initiales zo de la suite telles que (zn ) soit bornée mais non convergente.

L'ensemble de Mandelbrot (ainsi dénommé par Adrien Douady) correspond aux valeurs de c pour lesquelles Kc est connexe. C'est aussi la frontière séparant les domaines de convergence et de divergence de la suite :


L'ensemble de Mandelbrot. Source : Arnaud Bodin, univ. Lille 1.

L'étude, dans le cas réel, de suites similaires un+1 = f(un) où f est une fonction trinôme n'est pas simple et peut conduire, suivant f et uo à des comportements chaotiques de la suite (un). Ces comportements ont des applications concrètes (biologie, économie, climatologie) et sont étudiés depuis les travaux de Benoît Mandelbrot.


Prix Gaston Julia :     

Ce prix a été mis en place par l'École Polytechnique en 1961 à l'occasion du jubilé de Gaston Julia (ses 50 années de travaux mathématiques). Le prix est financé par diverses grandes entreprises françaises et récompense des universitaires, professeurs de mathématiques, pour l'originalité de leurs travaux et la qualité de leur enseignement. Parmi les récipiendaires, on trouve Jean Favard (1962), Jacques Dixmier (1964), Jean Dieudonné (1966), Jean-Pierre Serre (1970), Paul Malliavin (1974), Marcel Berger (1979).


    Pour en savoir plus :

  1. Vie et œuvre de Gaston Julia par Michel Hervé (22 novembre 1978, séminaire d'histoire des mathématiques) :
    http://archive.numdam.org/article/CSHM_1981__2__1_0.pdf

  2. Fatou, Julia, Montel : le grand prix des sciences mathématiques de 1918 et après..., par Michèle Audin :
    https://books.google.fr/books?id=htpPnZrzWOwC

  3. a/  Étude sur les formes binaires non quadratiques à indéterminées réelles ou complexes, ou à indéterminées conjuguées (1917) :
    http://scans.library.utoronto.ca/pdf/4/30/tudesurlesform00juliuoft/tudesurlesform00juliuoft.pdf (paginer jusqu'à 11).
    b/  Mémoire sur l'itération des fonctions rationnelles
    , 1918 (source Gallica/Mathdoc) :
    http://sites.mathdoc.fr/JMPA/PDF/JMPA_1918_8_1_A2_0.pdf

  4. Étude de l'ensemble de Mandelbrot, pages d'Arnaud Bodin, université de Lille 1 :
    http://math.univ-lille1.fr/~bodin/fichiers/capes_mandelbrot.pdf


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