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Normalien,
agrégé de mathématiques (1914), il fut très grièvement
blessé au visage pendant la première guerre mondiale
(défiguré, il devra porter un masque).
C'est lors de
longs séjours dans les hôpitaux que ce jeune
mathématicien ébauchera ses premiers travaux. C'est ainsi que
devant Picard et Georges-Marie Humbert,
il soutint une première thèse à la faculté des
sciences de Paris (1917) intitulée Étude sur les formes binaires non
quadratiques à indéterminées réelles ou complexes, ou à indéterminées conjuguées
(
réf.2a, 300 pages !).
Georges-Marie Humbert (1859-1921) :
polytechnicien, ingénieur des Mines, docteur en mathématiques (sur les courbes
de genre un, 1885). Travaux sur les courbes et surfaces algébriques, professeur
au Collège de France. Élu à l'Académie des sciences en 1901. Source
éléments biographiques : Annales des Mines.
L'année suivante, il traite un
sujet pointu relatif aux fonctions complexes en prolongement de
ceux commencés par Fatou
: Mémoire sur l'itération des fonctions
rationnelles, publié en 1918, qui lui valut le Grand prix de l'Académie des
sciences et qui sera sa seconde thèse de doctorat
(
réf. 2b). Notons
que le terme itération (du latin iterare =
répéter, redire) et la locution fonction
itérée semble apparaitre pour la première fois en mathématiques avec
Julia.
Maître de conférence à la Sorbonne, Julia enseigna également à l'Ecole normale supérieure et à l'École polytechnique. Il fut élu à l'Académie des sciences en 1934, section géométrie.
Monge, fondateur de l'ENS et de l'École Polytechnique :
Les ensembles de Julia (ainsi dénommés par B. Mandelbrot) : |
Ces objets ont un aspect fractal
et seront la source des travaux de Benoît
Mandelbrot des années
1970 où l'apport de l'outil informatique permit la
visualisation de ces ensembles étonnants remettant en cause le
concept usuel de courbe.
Notons fc la fonction complexe définie de C dans C par fc(z) = z2 + c et fcn(z) le n-ème itéré de z par f, n décrivant N :
Considérons l'ensemble Zc des nombres complexes z tels que l'ensemble de leurs itérés par fcn(z) soit borné.
On désigne alors par Kc l'ensemble des points M(x,y) du plan complexe, d'image z = x + iy, z décrivant Zc. La frontière de Kc est l'ensemble de Julia associé au complexe c.
L'ensemble
de Julia peut aussi être défini par l'étude de la
suite : zn+1 = zn2
+ c. L'ensemble
Kc est alors l'ensemble des valeurs initiales
zo de la suite telles que (zn ) soit
bornée et convergente. L'ensemble de Julia, sa
frontière, est l'ensemble des valeurs initiales zo
de la suite telles que (zn ) soit bornée mais non
convergente.
L'ensemble de Mandelbrot (ainsi dénommé par Adrien Douady) correspond aux valeurs de c pour lesquelles Kc est connexe. C'est aussi la frontière séparant les domaines de convergence et de divergence de la suite :
L'ensemble de Mandelbrot. Source : Arnaud Bodin,
univ. Lille 1.
L'étude, dans le cas réel, de suites similaires un+1 = f(un) où f est une fonction trinôme n'est pas simple et peut conduire, suivant f et uo à des comportements chaotiques de la suite (un). Ces comportements ont des applications concrètes (biologie, économie, climatologie) et sont étudiés depuis les travaux de Benoît Mandelbrot.
Pour
en savoir plus :
Vie et œuvre de Gaston Julia par Michel Hervé
(22 novembre
1978, séminaire d'histoire des mathématiques) :
http://archive.numdam.org/article/CSHM_1981__2__1_0.pdf
a/ Étude sur les formes binaires
non quadratiques à indéterminées réelles ou complexes, ou à indéterminées
conjuguées (1917) :
http://scans.library.utoronto.ca/pdf/4/30/tudesurlesform00juliuoft/tudesurlesform00juliuoft.pdf
(paginer jusqu'à 11).
b/ Mémoire sur l'itération des fonctions
rationnelles, 1918 (source Gallica/Mathdoc) :
http://sites.mathdoc.fr/JMPA/PDF/JMPA_1918_8_1_A2_0.pdf
Étude de l'ensemble de Mandelbrot, pages d'Arnaud Bodin, université
de Lille 1
:
http://math.univ-lille1.fr/~bodin/fichiers/capes_mandelbrot.pdf