ChronoMath, une chronologie des MATHÉMATIQUES
à l'usage des professeurs de mathématiques, des étudiants et des élèves des lycées & collèges

DUBREIL-JACOTIN Marie-Louise, française, 1905-1972

» Source biographique : The MacTutor History of Mathematics, avec l'aimable autorisation des auteurs J.J. O'Connor & E. F. Robertson professeurs à l'université de St Andrews.

Quoique reçue seconde en 1926 au concours d'entrée à l'École normale supérieure de Paris, Marie-Louise Jacotin ne bénéficie que d'une bourse d'études mais pas d'admission : la priorité étant donnée aux élèves masculins... Tenace, elle demande l'intervention du ministre de l'Instruction publique de l'époque, Édouard Herriot, lui-même normalien, section Lettres : elle se voit alors rétrogradée au 21è rang, mais ne put s'inscrire que l'année suivante !

Sa promotion compta dans ses rangs Leray et Chevalley. Elle y rencontra également un jeune mathématicien frais émoulu de l'ENS : Paul Dubreil.

En 1929, avec l'aide du directeur des études de l'époque, Ernest Vessiot (1865-1952, normalien, algébriste, groupes de Lie, théorie de Galois, équations aux dérivées partielles), Marie-Louise put obtenir une bourse pour entreprendre des recherches de physique mathématique à Oslo (mécanique des fluides, équations d'ondes).

Elle épousera Dubreil à Paris en juin 1930 et le suivra en Allemagne, où il poursuivit des recherches sur les structures algébriques, et en Italie où elle rencontra Levi-Civita qui travaillait dans le même domaine qu'elle. Sa rencontre avec Emmy Noether sera déterminante : elle poursuivit la préparation de sa thèse de doctorat qu'elle soutint en 1934 (» réf.3) et se tourna alors vers l'algèbre et la théorie des nombres. Alors que son mari était nommé à Nancy, elle obtint un poste d'enseignement et de recherches à Rennes (1938), puis à Lyon.

Marie-Louise Dubreil-Jacotin semble être, après Emmy Noether en Allemagne, la première femme à obtenir une chaire universitaire en France. La seconde fut Yvonne Choquet-Bruhat (1946). L'ENS de Paris, rue d'Ulm, fut refusée aux femmes en 1939 ! Elles durent s'inscrire à l'ENS de Sèvres qui leurs fut réservée. » La place des femmes en mathématiques (lien in fine).

En 1955, elle est professeur à la faculté des sciences de Poitiers sur une chaire de calcul différentiel mais aussi à Paris en tant que directeur de recherches au CNRS. Avec son son mari, elle contribue à l'étude des demi-groupes et sera finalement nommée à Paris.

Déjà très affectée par le décès de sa fille Edith (1936-1970), Marie-Louise Dubreil-Jacotin est victime d'un accident de la circulation en 1972 et décédera cinq semaines plus tard d'un infarctus. Avec Emmy Noether, elle est considérée comme une des mathématiciennes les plus éminentes du 20è siècle.

Emmy Noether, M. L. Dubreil-Jacotin et son mari

Autres femmes mathématiciennes citées dans Chronomath
Hypatie , Maria Agnesi , Sophie Germain , Ada Byron , Sofia Kovalevskaïa , Alicia Boole-Stott , Emmy Noether
Jacqueline Ferrand , Maryam Mirzakhani , Claire Voisin , Karen Uhlenbeck


   Pour en savoir plus :

  1. Leçons d'algèbre moderne, par Paul Dubreil et Marie-Louise Dubreil-Jacotin - Éd. Dunod, Paris -1961

  2. Figures de mathématiciennes (1946), M. L. Dubreil-Jacotin in Les grands courants de la pensée mathématique
    par
    F. Le Lionnais (1948). Ed. Hermann, rééd. 1997.

  3. Publications de Marie-Louise Dubreil-Jacotin sur le site Numdam : http://www.numdam.org/search/Dubreil-Jacotin-a
    La thèse de Marie-Louise Dubreil-Jacotin (1934) y est présente : http://www.numdam.org/article/BSMF_1936__64__1_0.pdf


de Possel  Ehresmann
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