![]() ![]() » Point double d'une courbe paramétrée | cas implicite f(x,y) = 0 | point d'inflexion du cas explicite y = f(x) | cas polaire |
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Nombreux exemples illustrés tout au long de la page
Dans un contexte cinématique, une courbe plane paramétrée définie par la donnée d'un point M(t) de coordonnées (x(t),y(t)) s'interprète comme la trajectoire du point M en fonction du temps : le paramètre t. L'étude locale d'une courbe plane en un point M(to), définie par une représentation paramétrique, conduit à quelques difficultés si dM/dt, vecteur tangent de coordonnées (x'(t),y'(t)) s'annule en to, c'est à dire lorsque x'(t) et y'(t) s'annulent simultanément. Cela correspond mécaniquement à l'annulation de la vitesse de M. Comme pour les représentations implicites du type f(x,y) = 0, on parle là encore d'un point stationnaire ou singulier.
Dans le cas d'un point singulier, l'équation de la tangente en un point M(xo,yo) de la courbe s'écrit (y - yo)x'(to) = y'(to)(x - xo) conduisant dans le cas étudié à 0 = 0 : la tangente est a priori indéterminée.
En un point ordinaire son coefficient directeur est y'(to)/x'(to) lorsque x'(to) est non nul; sinon, il est infini : tangente parallèle à l'axe des ordonnées; son signe apportant un complément d'information sur le sens de variation.
L'annulation simultanée de x'(t) et y'(t) peut signaler :
un extremum (maximum ou minimum);
un point de rebroussement;
un point d'inflexion, c'est à dire à un changement de concavité de la courbe.
! Contrairement au cas implicite f(x,y) = 0, dans ce cas paramétré, un point double (par lequel la courbe passe au moins deux fois) n'est pas nécessairement un point singulier. De tels points sont évoqués in fine ainsi qu'en exercice sur ces deux pages #1 et #2.
Étude :
Notons F : t → (x(t),y(t)) la fonction qui à t associe le couple de coordonnées de M(t). On suppose que t → x(t) et t → y(t) sont de classe Ck, k ≥ 2 (k fois continument dérivables). En un point stationnaire, la tangente apparaît indéterminée mais nous pouvons retrouver sa direction en passant par un développement limité de x(t) et y(t) d'ordre au moins égal à 2 grâce à la formule de Taylor.
La tangente en Mo est portée par le premier vecteur dérivé p-ème non nul de OM(t), noté ici Tp, de coordonnées F(p)(to) = (x(p)(to),y(p)(to)). On admet maintenant l'existence d'un plus petit entier q vérifiant p < q ≤ k pour lequel le vecteur Tq de coordonnées (x(q)(to),y(q)(to)) soit linéairement indépendant de Tp : le couple (Tp,Tq) est une base du plan.
Les dérivées de F d'ordre inférieur à p étant toutes nulles et celles d'ordre inférieur à q (q ≥ p+1) étant colinéaires à (x(p)(to),y(p)(to)), La formule de Taylor appliquée à F au voisinage de to :
En choisissant comme repère local (Mo, F(p)(to)/p!, F(q)(to)/q!), les coordonnées de M(t) au voisinage de Mo sont alors :
x(to+ h) = hp + o(hp) , y(to + h) = hq + o(hq)
Quatre cas sont alors à envisager selon la parité de p et q :
♦ La courbe traverse sa tangente en changeant de concavité :
Il y a là rebroussement de première espèce ou inflexion, laquelle peut se produire en cas de point singulier ou non.
p pair, q impair
p impair, q impair
Ci-dessus, la courbe traverse sa tangente au point
considéré
♦ Lorsque la courbe ne traverse pas sa tangente :
p pair, q pair
p impair, q pair
Ci-dessus, la courbe reste du même côté
de sa tangente au point considéré
soit à un point de rebroussement de seconde espèce; » exemple
soit à un point
finalement ordinaire, généralement appelé
méplat.
C'est une fausse alerte : tout
se passe comme si T1 = dM/dt était non nul.
Quelques exemples élémentaires de rebroussement : |
♦ 1ère espèce : considérons la courbe définie par x = t2 , y = t5, soit y2 = x5 avec x ≥ 0.
x' = 2t | x'' = 2 | x''' = 0 | x(4) = 0 | x(5) = 0
y' = 5t4 | y'' = 20t3 | y''' = 60t2 | y(4) = 120t | y(5) = 120En O(0,0), on a T1(0,0); T2(2,0) est non nul : dirige la tangente en O; T3 est nul ainsi que T4. T5 (0,120) est linéairement indépendant de T2. On a donc ici p = 2, q = 5.
Noter que l'équation de la courbe peut s'écrire en coordonnées cartésiennes sous la forme : x ≥ 0 et y = ± √x5 = ± x5/2.
On en déduit dy/dx = ± 5/2 × x3/2. On a donc en O(0,0) une tangente horizontale et une courbe représentative symétrique par rapport à l'axe (Ox) des abscisses faisant apparaître un point de rebroussement de 1ère espèce en l'origine.
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♦ 2ème espèce : considérons la courbe définie par x = t4 , y = t2 + t3
x' = 4t3 | x'' = 12t2 | x''' = 24t | x(4) = 24
y' = 2t + 3t2 | y'' = 2 + 6t | y''' = 6 | y(4) = 0En O(0,0), on a T1(0,0); T2(0,2) est non nul et dirige donc la tangente en O; mais T2 est colinéaire à T3(0,6). On considère alors T4(24,0) linéairement indépendant de T2. On a donc ici p = 2, q = 4.
♦ Allure ordinaire (méplat) : considérons la courbe définie par x = t3 , y = t4 (soit y3 = x4), auquel cas p = 3, q = 4 :
x' = 3t2 | x'' = 6t
| x''' = 6 | x(4) = 0
y' = 4t3 | y'' = 12t2 |
y''' = 24t | y(4)
= 24
En O(0,0), T1
et T2 sont nuls en O.
Tangente horizontale à l'origine : T3(6;0)
linéairement indépendant de T4(0,24).
On a donc ici p = 3, q = 4.
♦ Inflexion : considérons la courbe définie par : x = t5 , y = t3 (y5 = x3).
x' = 5t4 | x'' = 20t3 | x''' = 60t2 | x(4) = 120t | x(5) = 120
y' = 3t2 | y'' = 6t | y''' = 6 | y(4) = 0 | y(5) = 0
Tangente verticale à l'origine : T3(0;6); T4 est nul. T3 est linéairement indépendant de T5. On a donc ici p = 3, q = 5.Il s'agit d'un point d'inflexion : la courbe traverse sa tangente. Cas à rapprocher de la cubique y = x3.
Point d'inflexion, cas y = f(x) : » Théorème de Du Gua : »
➔ Rappelons ce joli théorème de Du Gua de Malves :
Si une cubique admet trois points d'inflexion, alors ces trois points sont alignés
La cubique x3
+ y3 - 2yx2
+ xy2 - xy - y =
0, admet trois points d'inflexion alignés
Remarque concernant l'inflexion dans le cas polaire : |
Le cas polaire r = f(t) peut être paramétré par x(t) = rcost , y(t) = rsint et on peut alors utiliser (m') ci-dessus. On pourra aussi prouver la condition nécessaire d'inflexion en un point autre que O, à savoir :
Point doubles ou multiples d'une courbe paramétrée : |
La courbe étant définie par x = f(t), y = g(t), La recherche d'un point double consistera à évaluer deux valeurs u et v distinctes du paramètre t telles que f(u) = f(v) et g(u) = g(v).
! Contrairement au cas implicite, courbe définie par une équation du type f(x,y) = 0, l'annulation simultanée de x'(t) et y'(t) n'est pas une condition nécessaire à un point double.
Si l'équation est de nature périodique T, il s'agira bien entendu de rejeter les valeurs u et v telles que u - v soit un multiple de T.
Dans le cas d'une équation rationnelle (f et g fractions rationnelles de t), on pourra systématiquement mettre u - v en facteur et simplifier le système.
On pourra aussi poser S = u + v, P = uv et simplifier encore le système en se ramenant au calcul préalable de S et P.
Deltoïde, Astroïde :
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Étude du bifolium | Cardioïde » Mordell , Courbes elliptiques
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» Ce bel exemple est emprunté à Jean Taillé dans Courbes et surfaces, Que sais-je ? n°564, Ed. P.U.F. - Paris, 1953
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Vérifier que la courbe ci-dessous paramétrée par x = 1/t2 , y = 1/(t
- 1)2 admet un point de rebroussement
et deux asymptotes verticales. On en donnera une équation cartésienne au moyen
de deux déterminations.
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➔ Pour en savoir plus :
Cours de mathématiques, tome 3, par Jacqueline Lelong-Ferrand et Jean-Marie Arnaudiès, Éd. Dunod, Paris - 1974-77, 2001
Précis de mathématiques, par Daniel Guinin, François Aubonnet et Bernard Joppin, Éd. Bréal - Paris 1989.