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Cantor montre qu'un ensemble ne contenant aucun intervalle et ayant alors l'apparence d'un ensemble infini dénombrable peut cependant avoir la puissance du continu : on considère l'intervalle réel J = [0;1] dans le système de numération à base 3 (tout nombre de J s'écrit au moyen de 0, 1 et 2).
En base 3 :0,02222222222.../base 3 = 2/9 x 3/2 = 1/3 = 0,1/base 3
Ce résultat n'est pas vraiment étonnant : tout un chacun sait (et montre facilement comme ci-dessus) que 0,999999999999.... = 1.
∗∗∗
Montrer
maintenant de façon analogue que le nombre 0,111111111/base 2 n'est
autre que 1 et que 0,011111111/base 2 n'est autre
que 0,1/base2 = 1/2.
Supprimons "au centre" de J, l'intervalle ]0,1 ; 0,2[ : nombres commençant par 0,1.
Il y a donc un trou au milieu de J. Il reste deux intervalles. Réitérons le procédé en supprimant :
➔ Il reste quatre intervalles fermés dont l'écriture des bornes supérieures se terminent par 1; comme dit ci-dessus, on pourra remplacer ce 1 par 0222222222222...
Réitérons le procédé en supprimant :
➔ Il reste huit intervalles fermés (4ème ligne discontinue schématisée ci-dessous), dont l'écriture des bornes supérieures se terminent par 1; comme dit ci-dessus, on pourra remplacer ce 1 par 0222222222222... :
En poursuivant sans arrêt le processus de la même façon, on supprimera tous les nombres s'écrivant avec (au moins) un chiffre 1. Il ne restera alors que l'ensemble T des nombres ne s'écrivant qu'avec 0 et 2. On a ainsi construit une partie pour le moins bizarre dont il semble ne rester quasiment "rien" dès la 6ème itération...
Et pourtant, T est loin d'être vide : il n'est même pas dénombrable : on peut effet considérer la fonction qui à tout x de T, x = 0,t1t2t3....ti.... en base 3, associe le nombre f(x) = 0,d1d2d3....di.... en base 2 avec di = 0 si ti = 0 et di = 1 si ti = 2. Cette fonction est manifestement surjective de T sur [0,1]. Donc T a au moins "autant" d'éléments que [0,1]. Or cet intervalle a la puissance du continu. T n'est donc pas dénombrable. Noter que T étant inclus dans [0,1], il ne peut avoir "plus" de points que cet intervalle. T est donc équipotent à [0,1] : il existe une bijection entre T et [0,1].
➔ On peut aussi utiliser le procédé de la diagonale de Cantor, prouvant la non dénombrabilité de R, permettrait de conduire à une contradiction :
Diagonale de Cantor et ensemble triadique : » Voir aussi Bernstein : »
T est aussi troué de tout partout... : il ne contient aucun intervalle : Considérons en effet un sous-ensemble quelconque U de T, candidat à la qualité d'intervalle de la forme :
U = {x∈T, ∃ a∈T, ∃ b∈T / a < x < b}
La longueur de U est L = b - a. Comme à chaque itération du procédé, la longueur des intervalles restants est divisée par 3, à la n-ème itération, cette longueur est 1/3n et tend vers 0 lorsque n tend vers l'infini. Par suite, quel que soit L, il existe une N-ème itération assurant 1/3N < L : ce qui signifie que des éléments de U sont dans le "vide". Il y a donc un trou dans U : ce n'est pas un intervalle.
T est un ensemble fermé (compact au sens topologique) : en effet, T n'est autre que l'intersection de tous les intervalles obtenus au cours des itérations successives et toute intersection de compacts est compacte. C'est un ensemble parfait : partie fermée non vide qui coïncide avec l'ensemble T' de ses points d'accumulation.
Karl Weierstrass et la notion de point d'accumulation : »
En conclusion :
Cette « poussière de Cantor », qui a donc autant de points que R, a la puissance du continu. Ses parties sont compactes non vides et ne sont pas des intervalles, sa longueur est nulle puisqu'à chaque itération, on perd 1/3 de la longueur : à la n-ème itération, elle est donc de (2/3)n, soit 0 à la limite. C'est effrayant ! Cet ensemble pathologique est un monstre fractal de dimension fractale log32 ≅ 0,631.
Variante à partir d'un carré plein : |
On obtient une poussière similaire en dimension 2 en partant d'un carré dont on ôte, à chaque itération, le carré central et les carrés des "tiers médians" :
On obtient, à la limite, un domaine plan non vide, d'aire nulle : à la n-ème itération, l'aire est (4/9)n. C'est un objet fractal de dimension log34 ≅1,262.
Et une dernière variante : |
C'est un objet fractal de type auto-similaire, de dimension fractale log5/log3 ≅ 1,46 car, à chaque itération un carreau en fournit 5 dans un facteur de réduction de 1/3. En tant que limite à l'infini de (5/9)n, l'aire "finale" est nulle.