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» Les trois preuves ci-dessous sont (très) largement inspirées de celles de Robert Carmichael (1879-1967) dans son traité The Theory of numbers, Ch. 4, §23 et §24, pages 52 et suivantes de la pagination pdf.
Méthode 1 :
Au §23 de son traité, Carmichael démontre en fait un théorème dû à Euler : si m et a sont des entiers naturels premiers entre eux, alors aφ(m) ≡ 1 [m], où φ désigne la fonction indicatrice d'Euler (totient). Le développement ci-dessous est calqué sur sa démarche.
Rappelons le "petit" théorème de Fermat :
Si p est un entier
naturel premier alors, pour tout entier a, l'entier a
p
aura même reste
que
a
dans la division euclidienne par p
En utilisant le concept de congruence (notation ≡) mis en place par Gauss, on peut aussi énoncer que :
ap ≡ a [p]
! Rappelons ici que la réciproque de ce théorème est fausse, par exemple : 2341 ≡ 2 [341] et pourtant 341 = 11 x 31 n'est pas premier.
si a est un multiple de p (0 compris), le cas est trivial : ap - a est divisible par p.
si a n'est pas multiple de p, la liste des restes possibles de la division de a par p est :
0 est exclu car p ne divise pas a. Étudions alors la liste de produits a , 2a , 3a , ... (p - 1)a, obtenue en multipliant tous les restes par a. Tous ces nombres k x a, 1 ≤ k ≤ p -1, sont distincts et non nuls et il en est de même modulo p. En effet :
ka n'est pas divisible par p :
sinon, p étant premier, il est premier avec tout nombre
lui étant inférieur. Ainsi p est premier avec k
et il devrait diviser a (usage anachronique d'un
théorème de Gauss bien connu des Ter S, spé Math...), ce qui est contraire à notre
hypothèse.
si k et k' sont distincts, alors ka et k'a le sont aussi modulo p : plaçons-nous dans Z/pZ, et supposons au contraire ka ≡ k'a [p]. On a alors a(k - k') ≡ 0 [p]; or Z/pZ est un anneau intègre puisque p est premier. Par suite a ≡ 0 [p] ou k - k' ≡ 0 [p]. Ces deux éventualités sont à rejeter car d'une part a n'est pas multiple de p, d'autre part k et k ' représentent des restes distincts dans la division par p.
En conséquence, la liste a , 2a , 3a , ... (p - 1)a constitue encore, modulo p et dans un ordre sans doute différent, la liste 1 , 2 , 3, ..., (p - 1). On peut alors écrire, modulo p :
a × 2a × 3a × ... × (p - 1)a ≡ 1 × 2 × 3 × ... × (p - 1)
Ce qui peut s'écrire finalement :
ap-1 × (p - 1)! ≡ (p - 1)! [p]
Mais (p - 1)! n'est pas nul modulo p, puisque c'est le produit de p - 1 éléments non nuls de l'anneau intègre Z/pZ. Par suite :
! Attention, on peut multiplier une congruence par un entier mais, généralement, pas la diviser ap ≡ a [p] n'implique généralement pas ap-1 ≡ 1 [p], cela est vrai dans ce cas puisque p étant premier et ne divisant pas a, a et p sont premiers entre eux. » Congruences.
➔ Comme évoqué au début de cette page, on remarque que p étant premier, ap-1 ≡ 1 [p] peut s'écrire au moyen du totient d'Euler : aφ(p) ≡ 1 [p].
Méthode 2 :
Soit à démontrer que si p est premier et p ne divise pas a, alors ap ≡ a [p]. En développant (a + 1)p selon la formule du binôme, les combinaisons du développement sont des multiples de p à l'exception des termes de degré 0 et p. D'où (a + 1)p ≡ ap + 1 [p] et, par suite, (a + 1)p - (a + 1) ≡ ap - a [p]. Ce résultat indique une récurrence portant sur a : lorsque a = 1, on a ap - a = 0 divisible par p, donc (1 + 1)p - (1 + 1) = 2p - 2 est divisible par p, ou, si l'on préfère 2p ≡ 2 [p] et, par récurrence : ap ≡ a [p].
Méthode 3 :
Et on peut faire plus court comme l'écrit Carmichael : a, non nul, étant donné dans N, quels que soient les entiers α1, α2, ... , αa, on a clairement :
(α1 + α2 + ... + αa)p ≡ α1p + α2p + ... + αap [p]
Lorsque les αi sont tous égaux à 1, vous obtenez (1 + 1 + ... + 1)p ≡ 1p + 1p + ... + 1p [p] , soit ap ≡ a [p] ou, si l'on préfère, puisque p étant premier et ne divisant pas a, a et p sont premiers entre eux : ap-1 ≡ 1 [p]. » Congruences.