ChronoMath, une chronologie des MATHÉMATIQUES
à l'usage des professeurs de mathématiques, des étudiants et des élèves des lycées & collèges

Courbe du diable

Cette courbe algébrique (cubique) fut étudiée pour la première fois par Gabriel Cramer en 1750 dans son traité sur les courbes algébriques : Introduction à l'analyse des lignes courbes algébriques (» réf.1). Qualifiée de courbe du diable au 20è siècle, elle n'a rien de diabolique mais le "papillon" central rappelle le diabolo. Il s'agit d'une courbe algébrique du 4ème degré (quartique). Comme on le voit ci-dessous, Cramer choisit l'équation de cette quartique comme étant :

y4 - 96y2 - x4 + 100x2 = 0

Diabolo sur Wikipedia, ou sur  YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=jLz3w459Ukw



pages 18-19


page 38 - fig. 12 ; y4 - 96y2 - x4 + 100x2  = 0. Remarquer la précision du graphisme !

Plus généralement, ce type de courbe correspond à une équation du  type :

x4 - a2x2 = y4 - b2y2

Nous choisissons à l'instar de Gabriel Cramer :

y4 - 96y2 - x4 + 100x2 = 0      (e1)

comme équation de la courbe du diable que nous noterons (D).

Mais le logiciel Graphmatica refuse obstinément de tracer le branches infinies de la courbe donnée sous cette forme implicite initiale du 4ème degré (trop de calculs). Posons alors Y = y2. Nous obtenons Y2 - 96Y - x4 + 100x2 = 0, équation du second degré en Y. Un calcul élémentaire conduit à :

      

Mais 196 = 142. Finalement :

      (e2)

Graphmatica sait tracer des familles de courbes. Le signe ± est remplacé ci-dessous par le paramètre multiplicatif a qui prendra les valeurs -1 et 1 : le 2 dans l'accolade indique le pas de variation de a.

L'équation de la courbe sous la forme (e1) montre que les changement de x en -x et/ou de y en -y la laisse inchangée : l'origine est le centre de symétrie de la courbe. On peut donc étudier la courbe dans le 1er quadrant du repère x ≥ 0, y ≥ 0. Dans ce quadrant le produit (x2 - 36)(x2 - 64) est du signe de (x - 6)(x - 8), donc positif ou nul pour x ∈ [0,6] ∪ [8,+∞[.

     (e2)

Avec les notations de (e2) ci-dessus, on note y2+ la détermination de y2 avec le signe + devant le radical et y2- celle obtenue avec le signe - :

rapport qui tend manifestement vers 1 pour x infini. Globalement, nous avons là quatre  branches infinies de directions asymptotiques les bissectrices du repère. En restant dans le 1er quadrant, recherchons alors la limite de y+ - x :

La courbe (D) admet donc les bissectrices du repère (tracées en vert) comme asymptotes obliques pour x infini (dans les 1er et 2ème quadrants la courbe est en dessous de son asymptote).

En coordonnées polaires, en posant x = r.cost, y = r.sint dans l'équation (e1), on obtient facilement l'équation polaire de la courbe du diable (on remarquera que cos2t - sin2t = cos4t - sin4t) :

r2cos2t = 96cos2t + 4cos2t

Et la courbe s'obtient entièrement sur [0,2π] par :


   Pour en savoir plus :

  1. Introduction à l'analyse des lignes courbes algébriques, texte intégral sur Google Livres :
    https://books.google.fr/books?id=HzcVAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source...
    La "courbe du diable" est étudiée dès la page 19.
    ou bien , sur le site de l'École polytechnique de Zürich :
    https://www.e-rara.ch/zut/content/titleinfo/1233318


© Serge Mehl - www.chronomath.com