ChronoMath, une chronologie des MATHÉMATIQUES
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Calcul de l'inverse d'une matrice par opérations élémentaires sur les colonnes

On se propose ici de calculer par une méthode particulièrement bien adaptée à la programmation, la matrice inverse d'une matrice carrée non singulière. Ce calcul peut s'interpréter comme la recherche de la matrice de l'application réciproque d'un automorphisme φ d'un espace vectoriel (endomorphisme bijectif).

Afin d'illustrer concrètement la méthode, choisissons le cas d'une matrice 3 × 3, matrice d'un automorphisme φ d'un espace vectoriel E dont une base est notée B = (u,v,w). Le contexte devant enlever toute ambiguïté, les flèches sur les vecteurs seront omises.

La notation id désignera l'automorphisme identique de E, id(v) = v pour tout v de E et I et sa matrice; M = (aij) désignera la matrice de φ dans la base B (i est l'indice des lignes, j celui des colonnes) :

La méthode utilisée est à rapprocher de l'algorithme de Gauss, dite méthode du pivot, relatif à la résolution de systèmes linéaires. On procédera par transformations dites "élémentaires" sur les colonnes de la matrice à inverser. On pourrait tout aussi bien opérer sur les lignes.

I - notations et définitions :     

Notons c1, c2, c3 les colonnes de M :  M = (c1, c2, c3)

  1. On note Eij l'automorphisme permutant les colonnes i et j de M; par exemple E13 est défini par E13(u) = w, E13(v) = v, E13(w) = u. L'automorphisme réciproque de Eij est Eji. Par conséquent, la matrice de φ o E13 permute les colonnes 1 et 3 de M  qui devient (c3, c2, c1).

 

  1. On note Ei (k), k réel non nul, l'automorphisme multipliant la colonne i de M par k :
    φ
    o E2(-3) transforme M = (c1, c2, c3) en (c1, -3c2, c3). L'automorphisme réciproque de Ei (k) est Ei (1/k).

      L'automorphismes réciproque de Ei (k) est Ei (1/k).

  2. On note Ei - j (k), k réel non nul, est l'automorphisme soustrayant à la colonne i de M, la colonne j multipliée par k :
    φ
    o E1-3(2) transforme M = (c1, c2, c3) en (c1 - 2c3, c2, c3). L'automorphismes réciproque de Ei - j (k) est Ei + j (k).

II - Application au cas de la matrice M :     

1ère étape :    

On suppose ici que a11, premier élément diagonal est non nul et considérons l'automorphisme composé :

φ1 = φ o E3-1(a13) o E2-1(a12) o E1(1/a11)     (1)

E1(1/a11) divise a11 par la première colonne de M. La 1ère ligne de la matrice M1 de φ1 est nulle à l'exception de son premier élément qui vaut 1: c'est la première ligne de la matrice unité.

Si a11, appelé pivot, s'était avéré nul on aurait procédé préalablement à l'échange des colonnes 1 et 2 de M en notant que cela change le signe de son déterminant. Le composé (1) ci-dessus serait alors :

φ1 = φ o E3-1(a13) o E2-1(a12) o E1(1/a11) o E12     (1')

Et si a12 est également nul, le dernier essai se fera avec a13 qui ne peut être nul à moins que la matrice M ne soit pas inversible !

2ème étape :    

On procède de la même manière en s'occupant cette fois du second élément diagonal :

φ2 = φ1 o E3-2(a23) o E1-2(a21) o E2(1/a22) o E12 ou E23 si nécessaire

La première ligne de M1 n'a pas été affectée par cette transformation. On obtient ainsi la matrice M2 de φ2 dont la seconde ligne est nulle à l'exception de son élément diagonal qui vaut 1. C'est la seconde ligne de la matrice unité.

3ème étape :    

On procède de la même manière en s'occupant du troisième et dernier élément diagonal quitte, s'il est nul, à permuter avec la colonne 1 ou 2 :

φ3 = φ2 o E2-3(a32) o E1-3(a31) o E3(1/a33) o E13 ou E23 si nécessaire

La 3è ligne de la matrice M3 de φ3 est nulle à l'exception de son 3è élément valant 1. Les première et seconde lignes n'ont pas été modifiées. φ3 est donc finalement l'application identique id. Notons T1, T2, T3 les transformations intervenant à droite de φ, φ1 et φ2 dans les composées précédentes :

Finalement la matrice inverse de M est celle du composé T1 o T2 o T3
et plus généralement, à l'ordre n, T1
o T2 o ... oTn


           

 !   Attention : dans le programme une entrée comme 2,25 doit être tapée 2.25 (point décimal)   !  

Exemple d'inversion (ordre 3) :  

        

C'est dire que :   

Exemple d'inversion (ordre 4) :  

Exemple non inversible :     


On peut remarquer que c1 + c2 = c3  : les vecteurs colonnes ne sont pas indépendants


Dans une base (i, j, k) de E, un endomorphisme φ vérifie φ(i) = 9i -12j + 16k, φ(j) = 12i -17j + 24k
et φ(k) = 4i -6j + 9k. Montrer que φ est une symétrie vectorielle par rapport à un plan (P) de E et selon une direction (δ) que l'on précisera.
Rép. : on écrit la matrice M de φ dont les colonnes sont les coordonnées de φ(i), φ(j), φ(k). On utilise le programme d'inversion.
On constate que M-1 = M. φ est donc un automorphisme involutif autre que id, autrement dit une
symétrie vectorielle.
(P) est l'ensemble des vecteurs invariants par φ. Soit v(x,y,z); on résout Mv = v. On obtient (P) : 2x + 3y + z = 0.
La direction (δ) est donc une droite vectorielle. Soit u(a,b,c) un de ses vecteurs directeurs.
On résout Mu = - u. On obtient c = 2a et 3a + 2b = 0. Un vecteur u est donc u(2, -3, 4).
 φ est la symétrie par rapport au plan (P) : 2x + 3y + z = 0 selon la direction u(2, -3, 4).
  


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